Bizutage: l'affaire du palace de Biarritz symbole de la difficile reconnaissance des victimes?

D’après le journal Sud Ouest, un jeune commis aurait subi un “bizutage humiliant” dans les cuisines de l’Hôtel du Palais, à Biarritz. Les faits se seraient déroulés le 2 décembre en présence de la brigade et du chef étoilé Aurélien Largeau.
Le parquet de Bayonne a ouvert à son initiative une enquête préliminaire des chefs d’agression sexuelle et violences, a indiqué le procureur Jérôme Bourrier à l’AFP. Le parquet n’a pour l’heure été saisi d’aucune plainte.
Une loi contre le bizutage en France depuis 1998
Ce jeune commis aurait été attaché nu à une chaise durant plusieurs heures, une pomme dans la bouche et une carotte dans les fesses. Des images ont été enregistrées et partagées sur les réseaux sociaux et retirées depuis. Le chef étoilé Aurélien Largeau a démenti “formellement les allégations” et dénonce auprès de France Bleu Pays Basque des faits “mensongers et diffamatoires”. Son départ est intervenu le 21 décembre.
En France, le bizutage est un délit puni de six mois d'emprisonnement et de 7.500 euros d'amende. Une loi lui est consacrée depuis 1998. Si des progrès ont été remarqués depuis celle-ci, le phénomène est toujours présent.
“On s’aperçoit que le bizutage continue dans de nombreux endroits”, confirme Marie-France Henry, présidente du comité national contre le bizutage sur RMC ce vendredi.
Une prise de conscience qui peine à s’installer
La culture du bizutage est une réalité en France. Marie-France Henry prend exemple de l’affaire de Biarritz et rappelle que les auteurs présumés des faits nient et avancent que la victime présumée était d’accord. Sur le sujet, les mots “contre son gré ou non”, inscrits dans la loi, sont particulièrement importants.
“Le bizutage est toujours ancien contre nouveau, ce qui le différencie du harcèlement. La victime n’a pas vraiment le choix de dire oui ou non et pense que, si elle n’accepte pas ce qu’on lui propose, elle ne va pas s’intégrer”, explique la présidente du comité national contre le bizutage.
"Ils vont dire que la personne a rigolé"
Dans les écoles et universités, où le phénomène est fortement ancré, des séances de sensibilisation sont organisées. Si les jeunes prennent la question au sérieux, une certaine prise de conscience manque encore.
“On constate qu’ils ne se rendent pas compte de ce que veut dire ‘contre son gré ou non’ et ‘des pratiques humiliantes et dégradantes’”, explique Marie-France Henry, qui poursuit:
“Ils vont dire que ce n’était pas humiliant et que la personne a rigolé, et dans certains endroits ils vont faire signer un papier leur demandant de donner leur accord”.
Pour la présidente du comité national contre le bizutage, la loi n’est pas assez appliquée, car il est difficile pour les victimes et leur famille de porter plainte, et car ces affaires sont souvent classées sans suite. “Il n’y a pas de réparation et, d’une certaine manière, les bourreaux sont légitimés”, conclut-elle.