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"C’est pas juste": Lilly, trop forte au foot, ne peut pas être surclassée à cause du règlement FFF

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A 10 ans, Lilly est meilleure que les garçons de son équipe de foot en Haute-Marne. Mais à cause d’un règlement sexiste de la FFF, elle n’a pas le droit d’être surclassée.

C’est un papa en colère qui a contacté "RMC s’engage pour vous" (rmcpourvous@rmc.fr). Cédric est le premier supporter de sa fille, Lilly. A 10 ans, c’est l’une des meilleures buteuses de son équipe de foot amateur. Elle évolue depuis quatre ans au FC Chateauvillain, en Haute-Marne. Elle est milieu de terrain, comme son joueur préféré Antoine Griezmann. Et elle surpasse presque tous ses coéquipiers garçons, tant en termes de niveau que de taille ou de poids. A tel point que son entraîneur a voulu la surclasser et la faire jouer en U13, avec les “grands” qui ont deux ans de plus qu’elle. Le médecin du club y était favorable, mais ils se sont heurtés à un mur.

"C’est l’une de ses meilleures joueuses, donc son entraineur voulait la faire jouer dans l’équipe au-dessus. Mais la ligue disait que vu c’est une fille, elle n’avait pas le droit. On avait juste ça comme réponse, c’est parce que c’est une fille. C’est la loi de la FFF", explique Cédric. "C’est pas juste. J’étais un peu énervée parce que mon rêve, c’est d’être footballeuse professionnelle", confie Lilly.

L’article 155 des règlements généraux de la Fédération française de football sur la mixité est clair: les filles ne peuvent pas être surclassées alors que les garçons, oui. Une inégalité intolérable pour Cédric: "Qu’on nous dise, elle ne peut pas parce que c’est une fille, ce n’est pas normal. Ça me choque. Mais toutes les personnes que j’ai contactées, ça ne les choque pas. Je trouve ça incroyable, c’est surréaliste."

La FFF modifie son règlement pour la saison prochaine

Pourquoi une telle différence de traitement entre filles et garçons? Des "raisons médicales". Selon la FFF, il serait trop dangereux de faire jouer des filles avec des garçons plus vieux, question de morphologie, de taille, de poids.

Et cette règle est générale et absolue, peu importe le gabarit de la joueuse, son niveau, et l’avis du médecin du club. En l'occurrence, Lilly est plus grande et plus forte que la majorité de ses coéquipiers. Mais aucune dérogation n’a jamais été accordée par la Fédération.

Ses parents ont tenté toutes les voies de recours, auprès de la FFF, de la Défenseure des droits, du gouvernement. Dans un courrier du 28 septembre dernier, Isabelle Rome, la ministre chargée de l’Egalité femmes-hommes, leur assurait "comprendre la déception de Lilly". Mais en attendant, la joueuse est bloquée en U11, et c’est pour ça que son papa a fait appel à "RMC s’engage pour vous".

Que répond la FFF? Elle nous apprend que Lilly n’est pas seule dans son cas. La preuve, en début de saison, une ligue régionale a également demandé à la Fédération de faire évoluer le règlement. Et ils ont obtenu en partie gain de cause. Le 7 janvier dernier, la FFF a voté une modification de son article 155 sur la mixité. A partir de la saison prochaine, les jeunes joueuses pourront être surclassées, mais d’une catégorie d’âge seulement, la Fédération refusant d’aller plus loin.

C’est donc une demi-victoire pour Lilly, car elle doit encore patienter avant de pouvoir évoluer en U13. On continuera de suivre son parcours car, qui sait, on a peut-être rencontré une future championne du monde!

Amélie Rosique