"C'est très dur": réfugié politique en France, les galères de Reza pour demander sa naturalisation

Reza, un jeune homme de 31 ans de nationalité afghane, appartient à une minorité persécutée dans son pays: les Hazaras. A l’âge de 15 ans, il est emprisonné et torturé. Il réussit à s’échapper et arrive en France en 2016 où il obtient le statut de réfugié politique. Aujourd’hui, il a appris le français, a obtenu un diplôme, un CDI, un logement et souhaite devenir français.
En mars dernier, Reza avait écrit à "RMC s'engage pour vous" car il n'arrivait pas à déposer sa demande de naturalisation. Dans l’Essonne, où il vit, la démarche se passe exclusivement sur internet depuis le début de l’année. Pour créer son dossier, on lui demande des documents administratifs qui n'existent tout simplement pas en Afghanistan, un pays où 70% de la population n'a pas de papier d'identité. Sur le site internet de la préfecture, il est impossible de passer cette étape et impossible d’obtenir un rendez-vous à la préfecture pour expliquer sa situation.
Une promesse non tenue
Quand RMC l'a rencontré en mars, Reza était n'avait aucune perspective dans sa situation: "J'ai quitté mon pays dans une situation très compliquée. Je n'ai aucun document. Je suis réfugié politique. Je n'ai aucun document et je ne peux faire aucune demande."
"J'ai vécu toute ma vie dans la peur. Je me sens sans pays. J'ai envie d'avoir un pays comme n'importe quel humain", expliquait-il à l'époque.
Nous avions alors contacté la préfecture qui s’était engagée à fixer un rendez-vous physique à Reza s’il continuait à rencontrer des difficultés sur internet. Une promesse qui n'a absolument pas été tenue.
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Des demandes sans réponse
Après notre reportage, Reza a appelé une première fois la préfecture qui lui a demandé d’envoyer un mail sur une adresse qui ne fonctionne pas. A son second appel, la préfecture lui répond que rien ne se fait par mail, et que c’est impossible de prendre rendez-vous.
Reza a ensuite retenté sa chance une troisième fois: on lui rétorque alors qu’il ne pourra pas venir sur place et qu’il vaut mieux renoncer à sa demande. Aujourd’hui, sa demande est toujours au point mort:
"Pendant plusieurs jours, c'était très dur. Je me sentais impuissant. Il n'y a pas une personne physique pour expliquer la situation donc ça ne marche pas."
Un rendez-vous… en novembre
L'équipe de "RMC s'engage pour vous" a relancé la préfecture qui nous a remercié d'avoir à nouveau attiré son attention sur Reza. Très rapidement, elle a donné un rendez-vous à Reza pour le mois de novembre. Elle va donc pouvoir expliquer sa situation face à un être humain et non à un ordinateur pour enfin déposer sa demande de naturalisation.
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Pour rappel, Reza n'est pas un cas isolé: la Défenseure des droits a dénoncé dans un rapport de 2022 5.000 saisines pour des difficultés liées à la dématérialisation des demandes et a expliqué avoir formulé 18 recommandations au ministère de l'Intérieur pour changer ce système. La Cimade, association d'aide aux réfugiés, dénonce aussi la quasi fin de l'accompagnement des étrangers dans leurs démarches et explique que, depuis le Covid-19, cette dématérialisation est "la principale problématique" traitée dans les permanences de l'association.