RMC
Société

"J'ai vécu toute ma vie dans la peur": Reza, réfugié politique afghan, galère pour devenir Français

placeholder video
La complication des démarches en ligne de naturalisation décourage Reza, qui n'arrive pas à décrocher de rendez-vous physique avec les autorités malgré sa situation particulière, son statut de réfugié politique et sa présence en France depuis 2016. Il a fait appel aux équipes de "RMC s'engage pour vous".

Reza, 31 ans, a fait appel à "RMC s'engage pour vous" parce qu’il est dans une impasse administrative. Afghan, de la minorité des Hazaras, persécutée dans son pays, il a été emprisonné, torturé à l’âge de 15 ans, avant de réussir à s’enfuir. Arrivé en France en 2016, il a, depuis, obtenu son statut de réfugié politique, un emploi stable et vit avec son jeune fils en banlieue parisienne. Aujourd’hui, il aimerait devenir Français. Pour remercier ce pays qui l’a accueilli et laisser, enfin, la peur derrière lui.

"J'ai vécu toute ma vie dans la peur. Je n'ai pas envie de recommencer. Pendant des années, j'ai espéré que la situation s'améliore, qu'il y ait un gouvernement avec une justice en Afghanistan et que je puisse y retourner. Malheureusement, c'est de pire en pire tous les jours", regrette-t-il.

Maintenant, il se sent apatride. "J'aimerais avoir un pays pour revivre tranquillement comme un humain", témoigne-t-il. Reza doit ainsi déposer une demande de naturalisation. Depuis le 1er février, tout se fait en ligne, même pour les cas particuliers comme le sien. "J'ai quitté mon pays dans une situation très compliquée. On a tout laissé derrière nous", explique-t-il.

On imagine effectivement mal un réfugié politique afghan demander aux Talibans de lui envoyer des documents officiels. Pire, certains des papiers demandés n’existent tout simplement pas en Afghanistan, où 70% de la population ne possède pas de pièce d’identité par exemple.

Un rendez-vous physique: mission impossible

Officiellement, il existe des points d’accueil numérique pour accompagner la dématérialisation des démarches. Mais dans les faits, c’est mission impossible pour avoir un rendez-vous. Un rendez-vous qui se prend lui aussi... sur internet! Avec des plages horaires de 2h par jour, différentes selon les jours.

La seule personne avec qui Reza a pu parler, c’est un agent, au téléphone, qui lui aurait conseillé de renoncer à déposer une demande. Nous avons ainsi contacté toutes les administrations compétentes sur le sujet. Et la préfecture de l’Essonne s’est engagée à fixer un rendez-vous physique à Reza pour qu’il puisse enfin déposer sa demande.

Un cas qui n'est pas isolé

Une bonne nouvelle pour Reza, mais il n’est pas le seul à se retrouver bloqué ainsi. Dans un rapport de 2022 intitulé “Accès au service public de la naturalisation : un parcours d’obstacles qui entrave les droits des usagers”, la Défenseure des droits révèle avoir été saisie 5.000 fois en cinq ans, pour des difficultés liées à la dématérialisation des demandes. Elle a d’ailleurs formulé 18 recommandations au ministère de l'Intérieur pour y remédier.

L’association d’aide aux réfugiés Cimade dénonce une disparition quasi totale de l’accompagnement des usagers étrangers, dont les droits sont ainsi bafoués. “C’est notre problématique principale dans nos permanences depuis 2020” explique l’association.

Pour nous contacter, envoyez un mail à : rmcpourvous@rmc.fr

Amélie Rosique et Joanna Chabas (édité par J.A.)