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"C'est une incitation à la haine": des associations dénoncent un arrêté de la mairie de Calais qui interdit le centre-ville aux migrants

Un arrêté qui sème la discorde à Calais. Des associations d'aide aux migrants dénoncent un arrêté pris par la ville visant à interdire aux réfugiés de se rendre dans le centre-ville.

"Sauf autorisation particulière, sont interdites toutes occupations abusives, prolongées et répétées du centre-ville de Calais: l'arrêté pris par la maire LR de Calais, Natacha Bouchart, le 18 octobre dernier fait polémique. Il interdit aux réfugiés trois zones du centre-ville de Calais.

Mais pour une vingtaine d’associations et de collectifs d’aide aux migrants cet arrêté a pour effet d’interdire les distributions de repas en centre-ville et "relève de l’incitation à la haine".

"Je ne pense pas que ce soit comme ça qu’on puisse régler le problème"

"Les troubles générés par la présence de migrants risquent de fragiliser la bonne organisation" des événements prévus dans la ville, "mais surtout de porter atteinte à la sécurité de ces familles et de ces touristes", est-il écrit dans l'arrêté.

Inacceptable, cela revient à créer "une catégorie 'migrants' qui serait composée de personnes violentes et sales", s'indignent les associations.

L’arrêté municipal est épinglé devant la gare et la police veille au grain : interdiction d’assurer des distributions de nourriture. Une décision aberrante pour Mathieu, Calaisien: "Ils veulent marquer le coup et ils se disent que la gare c’est un endroit important à Calais mais oui, ça s’apparente à un coup de balais. Je ne pense pas que ce soit comme ça qu’on puisse régler le problème loin de là".

"Les gens quand ils voient ça, ils fuient Calais"

Derrière son volant, Jean-Pierre attend des clients dans son taxi. La situation était devenue intenable selon lui: "Bagarre, ils embêtent le monde et ils importunent tous les gens qui sortent de la gare. Les gens quand ils voient ça, ils s’en vont. Ils fuient, ils fuient Calais".

L’arrêté municipal gêne les associations dans leur travail et les termes employés stigmatisent les migrants pour Antoine Nehr d’Utopia 56.

"Cet arrêté c’est une incitation à la haine. On va parler de troubles à l’ordre public, de problèmes de sécurité, de rixes, de présence de rats, ils ont même parlé de déjections humaines qui seraient présentes. Moi, en un an de maraude, je n’ai jamais constaté ça".

Les associations envisagent de déposer un recours contre cet arrêté.

Martin Juret et Nicolas Traino (avec Caroline Petit)