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"Ca donne une illusion de puissance": avec l'Euro, ces dangers des paris sportifs auprès des jeunes

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Les plateformes de paris sportifs comptent bien profiter de l'Euro pour booster leurs revenus et visent toujours une cible jeune.

L'Euro de foot vient à peine de démarrer qu'on peut déjà vous donner le nom de certains vainqueurs: Winamax, Parions Sport, Betclic... Les plateformes de paris sportifs vont encore profiter de cette compétition internationale : 86 milliards d'euros devraient être misés dans le monde sur les matchs de la compétition.

En France, le volume des mises devrait atteindre 600 à 700 millions d'euros, d'après les projections de l'autorité nationale des jeux. C'est 30% de plus que pour l'Euro 2016.

"Si ça peut nous faire changer de vie, pourquoi pas?"

Des sommes énormes atteintes notamment grâce aux nouveaux parieurs, souvent des jeunes. C'est d'ailleurs vers ce public, les 18-30 ans que s'adressent les campagnes de pub des opérateurs de pari sportifs.

Des campagnes de pub massives qui mettent en scène des jeunes dans des quartiers, dans des restaurants kebab, auxquels les jeunes semblent, plus que jamais, s'identifier.

C'est par exemple presque devenu un réflexe pour Jimmy. A peine le téléphone en main qu'il ouvre son application de paris sportifs: "Si ça peut nous faire changer de vie, pourquoi pas?" sourit-il.

"C'est une drogue"

La même raison pousse Abdoul à parier plus de 200 euros chaque semaine depuis cinq ans.

"J'ai plus perdu que gagné, largement. Mais quand on perd, et qu'on regagne derrière, on oublie qu'on a perdu. C'est une drogue."

Et malgré ça, il voit de plus en plus de jeunes de son quartier parier sur des matchs de foot. La faute, notamment aux campagnes de pub: "C'est vrai que dans les quartiers ça incite beaucoup. Ca influence grave".

Car les mots, les images, les lieux de tournage parlent aux jeunes. Et parfois à des mineurs, qui n'ont pas le droit de parier, comme Riwan a seulement 17 ans, qui concède que "ça donne envie".

"Ca donne l'illusion que c'est facile"

Des campagnes de pub irresponsables s'indigne Arlette Achour, la directrice de la plateforme d'aide SOS Joueurs.

"Ca nous inquiète dans la mesure où c'est la population des quartiers qui est ciblée. Ces populations sont plus vulnérables que d'autres. Ca donne une illusion de puissance à laquelle les jeunes s'identifient, l'illusion que c'est facile."

Or le gain n'est pas si simple rappelle l'autorité des jeux: en 2018, à peine 500 Français avaient gagné plus de 10.000 euros en paris sportifs.

Martin Bourdin (avec J.A.)