"Ce n'est pas respectueux": la colère des bouquinistes parisiens priés de partir pour les JO

Présents sur les quais de Seine depuis plus de 450 ans, les bouquinistes parisiens pourraient bien disparaître. Au moins pour 24 heures. La raison? La cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques 2024 qui pourraient avoir raison de la plus grande librairie du monde à ciel ouvert. Dans un courrier adressé aux bouquinistes le 25 juillet, la préfecture de police de Paris estime "indispensable" pour sécuriser l'événement que les boîtes, dans lesquelles ils commercialisent des livres d'occasion et qui sont situées dans le périmètre de la cérémonie, soient "enlevées".
Mais les bouquinistes ne comptent pas faire place nette à l'occasion de la toute première cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques à l'extérieur d'un stade. "On demandait la protection de nos boîtes mais pas l'éradication", déplore Jérôme Callais, président de l'association culturelle bouquinistes de Paris, dans "Apolline Matin" ce vendredi sur RMC et RMC Story.
"On peut comprendre que le gâteau des Jeux olympiques ne soit pas pour nous, mais qu'on respecte au moins notre outil de travail", ajoute le bouquiniste.
"Comme Venise sans ses gondoles"
Les bouquinistes craignent surtout que le démontage endommage leurs boîtes, accrochées aux parapets qui bordent la Seine depuis parfois plus de 40 ans. "Il n'y a aucune indemnisation pendant le déplacement. On est des petits commerçants, comment mes collègues vont-ils manger?", s'interroge Jérôme Callais, alors qu'aucune compensation n'est prévue pour les bouquinistes.
"Il n'y a eu aucune information préalable, aucune prise en compte de nos impératifs et de nos spécificités, ce n'est pas respectueux. On est un symbole majeur de Paris mais on va effacer l'image des bouquinistes sur tout le parcours. Ce n'est plus Paris. Paris sans ses bouquinistes, c'est comme Venise sans ses gondoles", alerte Jérôme Callais.
Et les libraires de plein air n'entendent pas se laisser faire. Ils envisagent des actions coups de poing pour protester contre leur éviction. Certains envisagent de s'attacher à leurs boîtes, d'autres de les lester.
La mairie soutient ses bouquinistes mais ne s'engage pas contre la préfecture
Dans un communiqué publié jeudi, la Ville de Paris assure les bouquinistes de son soutien et reconnaît que leur activité "fait partie de l'identité des quais de Seine". Elle estime à 570 le nombre de boîtes concernées par un éventuel enlèvement, soit 59% du total.
Sans revenir toutefois sur l'injonction de la préfecture, la mairie propose de prendre en charge l'enlèvement et la repose des boîtes, ainsi que la rénovation "à ses frais" de celles qui auront été abimées dans l'opération.
"Cette rénovation constituera un élément d'héritage supplémentaire des JO et contribuera à appuyer la candidature des bouquinistes des quais de Seine au patrimoine culturel immatériel de l'Unesco", défend la municipalité.
De leur côté, les bouquinistes ont bien tenté de rencontrer le préfet de police de Paris Laurent Nuñez. Jérôme Callais assure avoir contacté ses services le 15 février dernier. Sans succès. "La décision a été arrêtée sans aucune consultation. Ce n'est pas humain", déplore-t-il.