RMC
Société

"Quatre yaourts au lieu de huit": les Restos du coeur limitent les distributions et refusent certaines familles

placeholder video
Les Restos du Cœur lancent leur campagne annuelle ce mardi. Mais face à l'afflux de demandes, l'association a été obligée cette année de durcir les conditions d'admission et de réduire les distributions.

La 39e campagne des Restos du Cœur est lancée officiellement à partir de ce mardi. Mais avec l'inflation et la baisse des dons, l'association a été obligée cette année de durcir les barèmes d'admission. Et pour la première fois, les bénévoles doivent dire "non" à certaines familles.

En un an, "200.000 personnes de plus sont allées taper à la porte des Restos" avait alerté le délégué général de l'association face aux députés le 4 octobre dernier, expliquant que son association n'est "pas dimensionnée aujourd'hui pour distribuer 170 millions de repas, pour accueillir 1,3 million de personnes".

Résultat, en cette période d'inscription, les bénévoles sont obligés de refuser du monde. Exemple à Saint-Cloud. Cela fait cinq ans qu'Hadija, mère au chômage, vient s'inscrire tous les ans. “Je suis toute seule avec cinq enfants”, indique-t-elle.

Devant elle, Olivier et Marie-Ange, bénévoles, calculent factures et allocations, avant de rendre leur décision. Avec 2.300 euros d'aides sociales tous les mois, Hadija est classée "hors barème" par le logiciel de l'association. Comme elle, ici, dix autres personnes ont déjà été refusées, sur 108 inscriptions.

“Ce n’est pas toujours évident parce que les réactions, ça peut être de la colère, de la tristesse, des peurs”, explique Olivier.

"On diminue le nombre de repas"

À la distribution aussi, les temps sont durs. Faute de moyens suffisants, les bénéficiaires acceptés vont voir leurs parts diminuer. Stéphanie et Yves, responsable du centre, en font la démonstration.

“Pour les produits laitiers par exemple, un couple aura quatre yaourts et quatre parts de fromage. Avant, il pouvait avoir huit yaourts et quatre parts de fromage. On diminue le nombre de repas qu’on leur propose par semaine, en fait”, expliquent-ils.

En attendant les équipes continuent de pousser les murs. Un troisième bureau d'inscription vient d'ouvrir au grenier pour tenter de contenir une demande qui elle ne faiblit pas.

Alfred Aurenche avec Guillaume Descours