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"On m'a déjà demandé des nudes": des mineurs monnayent des photos de leur corps sur internet

Ordinateur (illustration)

Ordinateur (illustration) - AFP

Alors que des sites pornos pourraient être bloqués ce vendredi en France car ils ne respectent pas l'interdiction d'accès aux mineurs, certains jeunes n'hésitent plus aujourd'hui à s'inscrire sur des sites pour vendre des photos de leur corps. Des images qui peuvent rapporter gros. Et pour certains, c'est de la pré-prostitution.

C'est ce vendredi, en fin d'après-midi, que le tribunal judiciaire de Paris doit trancher sur la demande de blocage des sites pornographiques. D'après une étude de Médiamétrie pour l'Arcom en mai dernier, 2,3 millions de mineurs, soit 30%, fréquentent désormais des sites pornographiques chaque mois.

Plus inquiétant encore, les mineurs n'hésitent plus à monnayer leurs corps sur internet. Et ça arrive dès le collège. Léa, qui n'a pas encore 14 ans, a déjà reçu sur les réseaux sociaux des dizaines de demandes de “nudes”, soit des photos d'elle nue, venant de connaissances ou d'inconnus.

“On m’en a déjà demandé. Des fois gratuitement et des fois pour de l’argent”, indique-t-elle.

Ces photos se monnayent parfois plusieurs centaines d'euros sur des plateformes dédiées. Alors forcément, ça a donné des idées à Adèle, 16 ans. “Moi, j’ai déjà pensé à vendre mes pieds. Ça peut aller jusqu’à 1.000 euros la photo de pied”, assure-t-elle, intéressée.

L'appat du gain comme motivation

Mais ces photos, qui restent dans la nature, sont à la merci de toutes les utilisations. Ataïr avait organisé un juteux business alors qu'il n'avait que 14 ans. “J’avais des clients réguliers et je leur vendais des photos que je trouvais sur internet. C’était pour m’acheter des jeux vidéo dans le dos de mes parents”, explique-t-il.

Un appât du gain qui inquiète chaque fois plus Thomas Rohmer, président de l’Observatoire de la parentalité et de l’éducation numérique.

“Il y a de plus en plus de mineurs qui se créent des comptes sur ces plateformes et qui basculent, pour certains, dans de la pré-prostitution”, assure-t-il.

Et les effets peuvent être durables. Aujourd'hui, la moitié des 18-24 ans affirment que le visionnage de vidéos pornographiques a participé à l'apprentissage de leur sexualité.

Alfred Aurenche avec Guillaume Descours