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Clause Molière visant à imposer le français sur les chantiers: c'est une mesure discriminante

Le président d'Auvergne-Rhône-Alpes, Laurent Wauquiez (LR), a présenté lundi une brigade de contrôle chargée de veiller au respect de la "clause Molière", qui vise à imposer le français sur les chantiers de la région, malgré un recours du préfet. Une mesure loin de faire l'unanimité.

A quelques semaines du premier tour de la présidentielle, la "clause Molière" entre dans les débats. Il s'agit d'une disposition qui oblige les ouvriers à parler français sur les chantiers et qui a déjà été adoptée ces derniers temps par plusieurs collectivités locales. Aujourd'hui, elle revient sur la scène car ce lundi, le président d'Auvergne-Rhône-Alpes, Laurent Wauquiez (LR), a présenté une brigade de contrôle chargée de veiller à son respect sur le terrain.

Plus précisément, cette brigade spécialisée doit contrôler les cartes des travailleurs et vérifier s'ils parlent bien français. Une mesure concrète qui réjouit Patrick Liébus, président de la Capeb (Confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment): "La décision prise par Laurent Wauquiez est une bonne décision. Cette brigade pourrait permettre de vérifier si les salariés ont les moyens de parler le français pour ne pas les mettre en insécurité, ni qu'ils se mettent eux-mêmes en insécurité. Car laisser travailler n'importe qui sans qu'on puisse se parler et se comprendre peut engendrer des accidents".

Cinq régions ont déjà adopté cette mesure

A noter qu'en cas d'illégalité constatée, la brigade peut sanctionner l'entreprise jusqu'à 10.000 euros de pénalité. Pour Vanessa Ghiati, conseillère Front de gauche dans les Hauts-de-Seine, cette mesure est discriminatoire: "Nous, nous pensons qu'il y a du travail pour tout le monde. Avec cette brigade, on est sur un terrain très glissant juridiquement et politiquement. C'est une mesure discriminante parce qu'elle vise l'ensemble des salariés étrangers".

Pour l'heure, cinq régions ont adopté cette mesure: Pays-de-la-Loire (avril 2016), Hauts-de-France (avril 2016), Normandie (novembre 2016), Auvergne-Rhône-Alpes (décembre 2016) et l'Ile-de-France (9 mars). Cette clause est également en vigueur dans le département de la Charente et dans les villes de Bourges (Cher) et de Vienne (Isère).

M.R avec Pauline Baduel