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Combat d'arrière-garde contre la primaire PS

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L’UMP crée la polémique sur les conditions dans lesquelles va se dérouler la primaire du PS pour désigner le candidat à la présidentielle. Ces attaques contre le scrutin relèvent du combat d’arrière-garde.

Oui parce que les primaires, c’est le sens de l’histoire – et que l’UMP roule donc à contre-sens. Dans tous les pays, les citoyens veulent prendre la parole ; on vient de le voir en Italie, on le devine en Grèce et en Espagne, on l’espère dans les pays arabes. Et nous en sommes, en France, à chipoter sur le mode de désignation d’un candidat par les électeurs. Il ne faut pas se laisser abuser par le juridisme des argumentaires : la question du fichage n’est qu’un prétexte ; c’est la primaire elle-même que l’UMP essaie de mettre en cause. C’est son droit mais à entendre Jean-François Copé, il faudrait préférer le choix imposé d’un candidat par un appareil verrouillé à un vote libre et élargi. C’est une vision étroite, étriquée même, de la politique.

Tous les partis devraient-ils organiser des primaires ?

Ça pourrait être une sorte d’idéal mais après tout, les partis – et leurs membres – font comme ils veulent. Ce qui est cocasse, c’est que les héritiers du gaullisme défendent la mainmise des appareils sur les hommes et les idées – c’est-à-dire ce que le général n’a cessé de dénoncer. Si le PS s’était borné à organiser un vote des militants, l’UMP aurait applaudi… Là, ce qui pose problème, c’est l’ouverture du scrutin aux sympathisants ; autrement dit, la recherche d’une légitimité qui aille au-delà du parti. Tout le monde l’a oublié mais l’UMP l’avait envisagé. En 2007, il y avait eu une primaire mais Nicolas Sarkozy était le seul candidat. Il était prévu qu’en 2012, il y ait au moins un vote d’investiture. Ce n’est pas encore officiel mais l’Elysée a décidé que non. Je crois que l’UMP redoute que les primaires aient des effets… secondaires.

L’argument de Jean-François Copé, c’est le risque de distinguer les électeurs de gauche grâce aux listes électorales qui seront prêtées au PS. Est-ce que ce n’est pas un argument recevable ?

Juridiquement peut-être ; politiquement, sûrement pas. C’est vrai que le vote est secret mais le PS s’est engagé à détruire les listes après le vote – je ne vois pas pourquoi il faudrait en douter : ça fera des feux de joie magnifiques ! Maintenant, imaginer que des maires de gauche pourraient en profiter pour pointer qui, parmi leurs employés municipaux, n’est pas venu voter à la primaire – donc qui n’est pas de leur camp – et les sanctionner ensuite, c’est une conception paranoïaque des pouvoirs locaux. En fait, c’est un soupçon qui en dit autant sur celui qui le formule que sur celui qu’il est censé viser. Surtout, c’est la validation de tous les clichés les plus repoussants sur la politique : le clientélisme, le favoritisme, le cynisme. Et tout ça au nom de la défense des principes !

Est-ce qu’il y a encore un moyen de rendre ces primaires incontestables ?

Il y en a au moins un qui est évident. Attirer le plus grand nombre d’électeurs possible. Si le PS attire plus d’un million de votants, c’est que la menace n’aura pas porté et le pari sera gagné. Ce qu’on ne comprend pas, c’est que les socialistes n’aient pas choisi le vote par internet. La discrétion du scrutin aurait été mieux assurée et ça aurait sûrement favorisé la participation. Peut-être qu’il n’est pas trop tard mais l’idée n’est pas venue spontanément ; preuve que l’UMP n’a pas le monopole de la ringardise…

Ecoutez «le parti pris» de ce Mardi 21 juin 2011 avec Hervé Gattegno et Jean-Jacques Bourdin sur RMC :

Hervé Gattegno