"Dupin quotidien": la Française des jeux bientôt privatisée, ce que ça change
Le gouvernement le dit désormais officiellement: il a bien l’intention de privatiser la Française des Jeux. Selon le Journal du Dimanche, le calendrier se précise. L’opération devrait être inscrite dans la future loi de Bruno Le Maire sur la croissance et la transformation des entreprises qui sera présentée le 16 mai en Conseil des ministres.
L'Etat pourrait céder environ 50 % du capital de l’entreprise sur les 72% qu’il détient. Il n’en garderait qu’un peu plus de 20%. Le capital serait ouvert en priorité via des options d’achat aux salariés de la FDJ et aux buralistes mais pas seulement puisqu’un "acteur privé important" – issu des secteurs du divertissement, de l’audiovisuel ou des paris en ligne – ferait son entrée au capital.
La Française des Jeux rapporte beaucoup d’argent à l’Etat
Chaque année, 3 milliards d’euros sont reversés à l’Etat, sous forme de taxes, et le chiffre d’affaires de la Française des jeux tourne autour de 15 milliards d’euros. Le gouvernement souhaite maintenir à l’identique le montant des taxes afin de ne pas pénaliser les intérêts de l’Etat. Pour ne pas faire perdre de la valeur à la FDJ, Bercy veut également maintenir un monopole pour empêcher le développement d’autres sociétés de jeux de hasard.
Il faut aussi savoir que la FDJ est une source de financement importante pour le sport français via le Centre national pour le développement du sport, doté de plus de 90 millions d'euros. 80% sont financés par la FDJ notamment pour la construction de piscines dans les quartiers difficiles et de stades en zone rurale. Là aussi, le gouvernement assure que ces financements seront sanctuarisés mais le monde du sport s'inquiète...
Cette privatisation comporte des risques
Premier risque: un développement excessif des jeux et une publicité agressive ce qui pourrait entraîner une hausse des addictions. Beaucoup de joueurs deviennent totalement accrocs et c’est un sujet très sensible. Là encore, Bruno Le Maire a anticipé les critiques en affirmant qu’une autorité de régulation serait créée pour superviser tous les jeux de hasard. Mais vaut il mieux réguler ou posséder? Par exemple 2014, la FDJ a arrêté volontairement le Rapido, un de ses jeux les plus rentables… et les plus addictifs. Aurait-elle arbitré de la même façon si les investisseurs privés avaient été seuls maîtres à bord?
Quoi qu'il en soit le gouvernement ira sans doute jusqu’au bout puisque c’est un projet de longue date d’Emmanuel Macron qui souhaitait déjà privatiser la FDJ lorsqu’il était ministre de l’économie contre l’avis du ministre du budget Christian Eckert. François Hollande s’y était opposé.