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Atteintes à la laïcité à l’école: "Cette note s’inscrit dans un contexte islamophobe"

Pour Maud Valegeas, professeure à Saint-Denis et responsable nationale du syndicat Sud Education, la note du renseignement territorial sur l’augmentation des atteintes à la laïcité à l’école s’inscrit "dans un contexte politique et médiatique largement islamophobe".

Les entorses à la loi sur la laïcité se multiplient dans les établissements scolaires. C'est ce qu'indique une note du renseignement territorial, datée du 8 juin et révélée ce mardi par RTL, avec 144 entorses à la loi de 2004 sur la laïcité à l’école qui ont été relevées au deuxième trimestre, contre 97 au premier. Cela peut prendre différentes formes, comme la contestations d'enseignement (histoire), le refus d'activités (piscine, musique...), du prosélytisme, des provocations verbales... Mais aussi le port de signes religieux ostentatoires et de tenues religieuses. Une "écrasante majorité" des faits concerne l'Islam, note le renseignement territorial, qui cite en exemple un épisode dans un lycée de Bordeaux où plusieurs jeunes filles sont arrivées avec des abayas au retour des vacances de printemps, ou encore un élève dans la Creuse qui s’est présenté en djellaba et a répondu que "vendredi était jour de prière" quand on lui a demandé de l’enlever.

Le nouveau ministre de l’Éducation nationale, Pap Ndiaye, a indiqué être en train de "collecter et de faire remonter un certain nombre d’informations" à ce sujet. "Il nous faut évaluer à l’échelle nationale le phénomène" a-t-il expliqué. Le renseignement territorial explique que le réseau TikTok jouerait aussi un rôle moteur. Certains élèves y incitent leurs camarades à arriver au lycée voilées ou vêtues d'abayas, comme un défi, rapporte la note. Les agents soulignent aussi que depuis l'attentat contre Samuel Paty, les personnels de l'Education nationale sont plus enclins à signaler les incidents communautaristes à leur hiérarchie, ce qui explique en partie cette hausse.

Pour "Les chiffres sont très, très faibles. Nous, à Sud Education, on pense que cette note s’inscrit davantage dans un contexte politique et médiatique largement islamophobe, plus que dans le quotidien des collègues et des établissements scolaires. Lorsqu’il y a des incidents qui peuvent porter atteinte au principe de laïcité, il est très important qu’en tant que fonctionnaire, que personnel du service public d’éducation, d’ouvrir un dialogue avec les familles et les élèves et de rentrer dans notre rôle éducatif, qui est celui de l’école."

"Les chiffres sont très, très faibles"

Pour Maud Valegeas, responsable nationale du syndicat Sud Education, professeure au collège Elsa Triolet à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), "les chiffres sont très, très faibles". "Nous, à Sud Education, on pense que cette note s’inscrit davantage dans un contexte politique et médiatique largement islamophobe, plus que dans le quotidien des collègues et des établissements scolaires, explique-t-elle dans ‘Apolline Matin’ sur RMC et RMC Story. Lorsqu’il y a des incidents qui peuvent porter atteinte au principe de laïcité, il est très important en tant que fonctionnaire, personnel du service public d’éducation, d’ouvrir un dialogue avec les familles et les élèves et de rentrer dans notre rôle éducatif, qui est celui de l’école."

"Il faut appliquer la loi et la loi ne dit pas qu’il faut exclure les élèves, souligne Maud Valejeas. Pour nous, c’est très important de rappeler que tous les élèves ont leur place dans le service public d’éducation, quelles que soient leurs croyances réelles ou supposées, leurs origines. Donc évidemment, il faut que ces élèves rentrent dans l’établissement, qu’elles soient reçues par les enseignants et les enseignantes, par les CPE. Il faut qu’on reçoive les familles, qu’on discute, qu’on rappelle la loi. Des élèves qui ne respectent pas le règlement dans un établissement scolaire, c’est quelque chose d’assez habituel en réalité. A chaque fois, c’est un dialogue qui s’ouvre."

"Le principe de laïcité est extrêmement important, assure la prof de Saint-Denis. La liberté de croire, de manifester ses opinions, ses convictions religieuses, dans le respect de l’ordre public, c’est quelque chose de fondamental. La pratique de la religion doit s’inscrire dans ces cadres-là. Pour nous, il n’y a pas du tout de sujet, de polémique. L’école n’a pas à hurler avec les loups. On est dans un espace apaisé, protégé, qui doit ouvrir le débat, avoir un rôle éducatif."

LP