Bordeaux: le repas halal d'un collège inquiète un collectif de parents d'élèves proche de Reconquête

C'est en consultant le logiciel Pro Note qu'un parent d'élève du collège Emile Combes, à Bordeaux, s'est aperçu que le repas proposé ce lundi était halal. Une hérésie pour le collectif "Parents vigilants", lancé en septembre 2022 par le parti d'Eric Zemmour, Reconquête.

À Bordeaux, au collège Emile Combes, le menu proposé à la cantine aurait dû être un menu uniquement halal selon un collectif. C’est un parent d’élève qui s’en est aperçu via le logiciel Pro Note. Rien n’interdit l’établissement de proposer un repas à caractère religieux mais une alternative doit être proposée, ce qui n’est visiblement pas le cas.

Le département, qui gère les collèges, s’est défendu en évoquant une erreur du logiciel et en assurant que des aiguillettes de poulet non halal allaient être proposées. Par ailleurs, le département rappelle que le choix des menus est à la discrétion des établissements scolaires, autorisés à servir de la viande halal, sans même le préciser.

"L’Éducation nationale cautionne la souffrance animale"

Une erreur de logiciel qui a visiblement ému le collectif "Parents vigilants" de Gironde, un mouvement lancé en septembre 2022 par Reconquête, le parti d’extrême droite d’Éric Zemmour. "C’est un triple problème, moral, sanitaire et politique", déplore dans les "Grandes Gueules" sur RMC et RMC Story, Virginie Tournay, porte-parole des "Parents vigilants" du département.

"L’Éducation nationale cautionne la souffrance animale. Et la réglementation halal prend le pas sur la réglementation en place", ajoute-t-elle, assurant que le menu de substitution n’a été intégré qu’après les dénonciations de "Parents vigilants".

Face à elle, l’enseignante Barbara Lefebvre note l’ironie de l’utilisation de l’argument de la souffrance animale. "Pendant la présidentielle, votre candidat (Eric Zemmour, ndlr), il était pro-corrida et chasse traditionnelle, je pense que la souffrance animale, vous n’êtes pas bien placés pour l’évoquer. Ne faites pas de récupération", lui a-t-elle lancé.

"Nous sommes vigilants face aux dérives idéologiques qui n’ont pas leur place dans les établissements", a défendu Virginie Tournay.

"Aucune obligation légale de proposer des menus de substitution"

"Tout le monde commence à nous gonfler sérieusement avec ses revendications religieuses", tacle de son côté l’avocat Charles Consigny, qui plaide pour la mise en place systématique des menus de substitution. "Il n’y aucune obligation légale de proposer des menus de substitution. Il peut très bien y avoir du porc et rien d’autre", rappelle d'ailleurs Barbara Lefebvre.

Le fameux repas de la discorde qui tend les parents d'élèves doit être servi aux collégiens ce lundi, malgré la mobilisation de "Parents vigilants".

G.D.