"Ça fait peur": couches sales, vis, sabre... l'enfer d'une école à Marseille à cause d'objets jetés

Une liste improbable: des oeufs, des préservatifs usagés, des boîtes de conserve, des couches pleines d'excréments, jetés dans une cour d’école. Et même un sabre... Depuis près de quatre ans, des objets dangereux sont lancés de manière répétée dans la cour de l'école Allar, parfois en pleine récréation, en provenance des balcons des trois immeubles en surplomb.
La situation de cet établissement du 15e arrondissement de Marseille suscite l'exaspération et la colère des personnels enseignants et des parents d'élèves. Jusqu'à la goutte d’eau qui a fait déborder le vase vendredi dernier, dans ce quartier pourtant flambant neuf. En soirée, après l’étude, une personne travaillant au sein de l’établissement a été blessée à la tête après avoir reçu une grosse vis en provenance d’un des immeubles voisins. Cette jeune femme a même dû être hospitalisée.
En novembre dernier, les parents délégués avaient déjà tapé du poing sur la table et alerté les autorités lorsqu’un sabre avait été retrouvé dans l’enceinte de l’école. L'adjoint au patrimoine scolaire, Pierre-Marie Ganozzi, explique qu’une enquête est en cours à ce sujet après qu'une plainte a été déposée. Mais visiblement, ça ne suffit pas: les familles et le personnel sont à bout.
Une situation qui a conduit à la fermeture de la cour de récréation. Les temps libres se tiennent obligatoirement sous le préau pour être à l’abri. Les enfants se sentent punis et les voisins continuent.
"Arrêtez, s'il vous plaît. Vous pouvez tuer quelqu'un ou le blesser très gravement. Ça fait peur", confie l'un des élèves.
Face à cette détresse et au danger, des plaintes sont déposées et des discussions sont menées entre l’école, les élus et les autorités. Mais il n’y a toujours pas de filet intégral ou de caméras, réclamées par les parents qui perdent patience.
"Certains nous ont carrément claqué la porte au nez..."
Jacqueline Tahir, maman de deux enfants scolarisés dans cette école en CE1 (7 ans) et CM1 (9 ans), explique que tout a été tenté, que ce soit avec les autorités ou avec les riverains de l'immeuble adjacent qui jettent les objets.
"Rien de concret ne bouge pour mettre les enfants en sécurité", souffle-t-elle sur RMC ce lundi dans Apolline Matin.
"Apparemment, le filet (pour bloquer les projectiles) n'est pas une solution... On a fait du porte à porte, une enquête de voisinage avec d'autres parents, certains n'ont même pas ouvert leur porte, d'autres nous ont carrément claqué la porte au nez...", regrette-t-elle.
Cette représentante du mouvement des parents d'élèves des Bouches-du-Rhône raconte même que son fils a cru qu'il y avait des bonbons dans la cour de récréation, alors que c'était en fait des médicaments...
"Ma fille s'est prise un citron sur la tête", raconte une autre mère de famille exaspérée.

La médiatisation de l'affaire a empiré les choses
"Cela devient très grave", s'alarme Jacqueline Tahir, qui pensait que la médiatisation de l'affaire allait faire avancer les choses. Mais au final, pas du tout.
"Cela a fait l'effet inverse! Les habitants l'ont mal pris et maintenant, c'est tous les jours", explique-t-elle au bord de l'émotion, hésitant des fois à amener ses enfants à l'école en raison de cette situation.
Les parents sont invités à une nouvelle réunion ce jeudi avec tous les acteurs de la situation. Mais plutôt que des solutions en discussion, ils aimeraient des actions immédiates. Le temps que l’enquête aboutisse.