"Ça n'est pas une formule magique": le dédoublement des classes moins efficace qu'espéré

Ce devait être LA mesure pour aider les élèves en difficultés à l'école, vantée par le gouvernement. Mais finalement un rapport de l'inspection générale publiée par le journal Le Monde nous apprend que le dédoublement des classes de CP et CE1 ne serait pas si bénéfique.

Le dédoublement des classes de CP et de CE1 ne serait pas forcément aussi bénéfique que le laisse penser le gouvernement. C'est en tout cas ce que révèle un rapport de l'inspection générale rendu au ministère en avril 2023 et publié jeudi par le quotidien Le Monde.

Un dispositif bénéfique, mais dont les effets ne sont finalement que modestes quand on regarde les résultats des élèves. La faute à un manque d'organisation, d'accompagnement, explique le rapport. Ce que regrettent des enseignants pourtant tous très positifs sur ce dispositif.

Plus de temps à accorder aux élèves, des apprentissages plus efficaces... Léa a retrouvé le goût de son métier, depuis qu'elle enseigne devant une classe dédoublée de douze élèves. Mais après cinq ans, comme beaucoup, elle en attend plus.

“On ne peut pas, par ce dispositif seul, pallier le manque de plusieurs personnels éducatifs dans les écoles. Donc ça ne peut pas être une formule magique”, indique-t-elle.

Une mesure à développer?

Et c'est justement ce que dénonce ce rapport. Le manque de formation, les absences non remplacées faute de candidats qui atténuent l'efficacité de ces classes dédoublées. C'est ce que vivent régulièrement Marie et ses collègues dans leur école située en réseau d'éducation prioritaire.

“Au début, on avait plein de formations et plein de choses pour nous aider qu’on a plus trop. À la base, ils nous remplaçaient pour qu’on aille en formation et au final quand une est en formation, ce sont les deux autres qui prennent ses élèves”, pointe-t-elle.

Il y a aussi des problèmes de structures, note l'inspection générale dans son rapport. Par endroits, deux classes dédoublées sont installées dans une même salle.

Pas question pour autant de revenir sur le dispositif, insiste Léa. Il faut au contraire le développer pour que chaque élève en tire un maximum de bénéfices.

“S’il se retrouve ensuite dans des conditions d’apprentissage compliquées avec des effectifs plus hauts, l’avance qu’il a pu prendre à un certain moment, sur l’ensemble de son parcours d’élève, il peut la reperdre”, estime-t-elle.

L'Éducation nationale, de son côté, prévoit de dédoubler toutes les classes de grande section des réseaux prioritaires à la rentrée prochaine.

Martin Bourdin avec Guillaume Descours