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"Comme un iceberg, on ne voyait que le dessus des problèmes": le témoignage des parents d'Evaëlle qui s'est suicidée à 11 ans

Les parents d'Evaëlle, 11 ans, ont témoigné ce jeudi matin sur RMC après le suicide en juin dernier de leur fille victime de harcèlement scolaire au collège.

Le 21 juin dernier, Evaëlle, 11 ans, a mis fin à ses jours, pendue à son lit. Elle a subi depuis son entrée en 6e divers situations de harcèlement émanant d'une professeure et de différents élèves. Malgré un changement d'établissement en cours d'année scolaire, elle a de nouveau dû faire face au harcèlement dans son nouveau collège, et s'est suicidée peu avant les vacances d'été.

Ses parents ont décidé de sortir du silence ce 7 novembre, journée nationale contre le harcèlement scolaire. Invités de RMC ce jeudi matin face à Jean-Jacques Bourdin ils ont témoigné de leur émotion et de leur intention de déposer une nouvelle plainte.

"Il y a clairement eu défaillance de l’Education nationale. On va déposer plainte contre l’Etat"

Ils ont en effet déjà déposé une plainte contre 3 élèves et la professeure en question du vivant de leur fille, mais les enquêtes sont toujours en cours et aucune mesure disciplinaire ou de prévention ont été prises contre ces protagonistes. Ce qui choque Sébastien et Marie.

"On veut témoigner aujourd’hui, car même si l’Education nationale fait des campagnes contre le harcèlement, dans notre cas c’est silence radio. (...) Il y a clairement eu défaillance de l’Education nationale. On va déposer plainte contre l’Etat car il y a eu de gros manquements, c’est inadmissible de laisser notre fille livrée à elle-même."

"Je considère m’adresser à des professionnels de l’éducation qui doivent savoir quoi faire"

La mère, Marie, estime que l'école doit être en mesure de savoir répondre à ces problèmes qui avaient été signalés du vivant de sa fille.

"Il n’y a pas une personne qui est responsable, c’est plein de monde, des défaillances de chacun qui fait qu’au bout de six mois on en arrive là. On peut toujours dire qu’on peut faire plus, je pense qu’on en a fait quand même beaucoup. Je considère m’adresser à des professionnels de l’éducation qui doivent savoir quoi faire. Quand j’informe par écrit de la situation pour dire qu’il ne faut pas minimiser, qu’il faut travailler ensemble, et que la direction ne fait rien, c’est quand même très difficile."

"Forcément on se pose la question, on se demande ce qu’on a raté"

Une situation dramatique qui conduit les parents à faire une difficile introspection.

"On a été vigilants, mais du coup pas-assez. Forcément on se pose la question, on se demande ce qu’on a raté. Il y a beaucoup de culpabilité qui s’installe. On peut se dire aussi: “Mais pourquoi je n’ai pas été voir les gamins à la sortie du collège pour leur expliquer deux trois choses?”"

S'ils avaient un conseil pour éviter que cette situation ne se reproduise, les parents d'Evaëlle rappellent qu'il ne faut "jamais minimiser la parole de leur enfant".

"Nous inconsciemment c’est ce qu’on a fait. A partir du moment où l’enfant commence à dire des choses il faut agir très très vite (...) C’était un iceberg, on voit le dessus, le problème c’est que la majorité des problèmes étaient sous l’eau". 
James Abbott