"Comment on fait les bébés?": face à la pornographie, le gouvernement lance une campagne pour mieux protéger les enfants

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"Comment on fait les bébés? La femme est à quatre pattes, l'homme lui tire les cheveux et elle crie très fort": à 12 ans, près d’un enfant sur trois a ainsi déjà été exposé à la pornographie.
Protéger les enfants de l'exposition à la pornographie en ligne, c'est l’objectif de la campagne lancée dès ce lundi par les secrétaires d’Etat au numérique Cédric O et à la protection de l’enfance Adrien Taquet. La campagne entend inciter les parents à utiliser le contrôle parental pour éviter que les enfants ne soient confrontés à des images inappropriées.
Le site jeprotegemonenfant.gouv.fr s'adresse ainsi aux parents d'enfants à partir de 6 ans "susceptibles d'être exposés à des contenus pornographiques volontairement ou involontairement", et leur propose notamment des "contenus d'éducation à la sexualité pour libérer la parole entre parents et enfants".
"Sucer le bip"
Il faut dire que les parents découvrent souvent trop tard que leur enfant a été exposé à du contenu pornographique. C’est le cas de Marie-Alix dont la fille de 8 ans lui demande en rentrant de l’école ce que signifie "sucer le bip", une phrase prononcée dans la cour de récréation, par un petit garçon qui avait visionné une vidéo pornographique quelques jours auparavant "Je pense qu’elle avait entendu autre chose mais n’a pas sur me le rapporter exactement. Cela m’a interloqué comme question", raconte-t-elle à RMC.
Marie-Alix n’aurait jamais imaginé que cela soit possible dès le plus jeune âge:
"C’est vrai que j’avais été ahurie et choquée. On ne s’y attend pas du tout parce qu’en CM1, en tant que parent on est loin de la thématique des écrans. On est encore dans le monde des bisounours où notre enfant est petit".
Pour limiter l’accès des enfants à des images inappropriées, on peut utiliser le contrôle parental, sur les écrans en sélectionnant les sites où les enfants ont le droit de se connecter. Mais ce contrôle est peu utilisé d'après Olivier Gérard, en charge des questions numériques à l'union nationale des associations familiales: seuls 43% des parents disent l'avoir installé sur leur écran.
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"On ne peut pas mettre la responsabilité que sur les parents"
"Il y a aujourd’hui 6 enfants sur 10 qui utilisent des équipements numériques sans protection, ni dispositif de protection de l’enfance. C’est là qu’il y a une marge de manœuvre en incitant les parents à vraiment utiliser ces outils", juge-t-il.
Mais pour Homayra Sellier présidente d'innocence en danger, la campagne du gouvernement doit aller plus loin:
"Il faudrait obliger ces plateformes en demandant une carte d’identité, que les enfants de très bas âge ne puissent pas s’inscrire sur ces sites qui sont vraiment dangereux. On ne peut pas mettre la responsabilité que sur les parents avec un contrôle parental et s’en laver les mains en pensant que ça suffit alors que ça ne suffit pas", déplore-t-elle.
En juillet 2020, une loi a été votée. Elle oblige les sites pornographiques à vérifier l'âge de leurs utilisateurs mais pour l’instant, aucune de ses plateformes ne l'applique. Car les vidéos et les images ne sont pas sans conséquences sur le développement psychologique des enfants. Ainsi près d’un quart des jeunes déclarent que la pornographie a eu un impact négatif sur leur sexualité en leur donnant notamment des complexes.
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