Départ du proviseur menacé de mort: "C’est insupportable" pour le syndicat des chefs d'établissement

Menacé de mort pour avoir demandé à une élève de retirer son voile, le proviseur de la cité scolaire Maurice-Ravel, dans le 20e arrondissement de Paris, a quitté ses fonctions. Le Premier ministre Gabriel Attal a annoncé une plainte contre l’élève pour dénonciation calomnieuse. Nicole Belloubet, la ministre de l’Education nationale, a affirmé que le proviseur n'avait "pas démissionné" mais était désormais "en retrait" avec "une autorisation spéciale d'absence jusqu'au mois de juillet, à la date de sa mise à la retraite".
"Ça reste une situation extrêmement compliquée, explique Bruno Bobkiewicz, secrétaire national du SNPDEN (syndicat des chefs d'établissement), dans Apolline Matin ce vendredi sur RMC et RMC Story. La tension reste forte. Les menaces ont été extrêmement violentes. Il est évidemment accompagné et soutenu par nos collègues et par notre avocat sur toutes les procédures. C’est insupportable d’avoir un collègue obligé de quitter ses fonctions parce qu’il est mis en danger dans l’exercice simple du principe de laïcité."
"La jeune fille était revenue sur ses propos, rappelle le syndicaliste, lui-même proviseur à Vincennes. L’idée de départ, selon laquelle elle avait été violentée par le chef d’établissement, avait été rapidement démentie par elle-même, le lendemain. Il y a aussi des plaintes contre ceux qui se sont exprimés violemment sur les réseaux sociaux. Plusieurs situations ont été identifiées. Un certain nombre d’entre eux vont passer devant les tribunaux dans les prochains mois."
"C’est une jeune fille qui a fait une erreur, ça ne la condamne pas définitivement"
Pour autant, cette élève ne doit pas traîner cette affaire sur la durée selon Bruno Bobkiewicz. "C’est une jeune fille qui a fait une erreur, qui a refusé le principe de laïcité à un moment dans sa scolarité, indique-t-il. Elle doit répondre de cela. Ça ne la condamne pas définitivement, toute sa vie. On a aussi un rôle éducatif. Ce qu’il s’est passé, ce n’est pas acceptable. Je pense que la situation lui a échappé, derrière, notamment sur les réseaux sociaux."
Si le secrétaire national du SNPDEN pointe "l’erreur de communication" du rectorat au moment de l’annonce du départ du proviseur pour "convenances personnelles", il souligne que "l’Etat n’est plus sur cette logique du ‘pas de vagues’". "On le voit bien, les expressions sont claires. Et le soutien est clair sur cette situation et sur d’autres ces derniers mois, assure-t-il. Ce n’est pas pour convenances personnelles, tout le monde le sait. C’est surtout une mise en protection de ce collègue, à la fois par le rectorat et à sa demande."
"Le SNPDEN est déterminé à continuer à porter haut et fort les valeurs de la République et le principe de laïcité, conclut Bruno Bobkiewicz. C’est extrêmement important pour nous. Il n’est pas question de reculer sur ces sujets."