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"Comment ils vont nous protéger?": à Maurice-Ravel, des élèves surpris par le départ du proviseur

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Gabriel Attal a évoqué la laïcité à l'école ce mercredi soir, "sans cesse mise à l'épreuve" avec "une forme d'entrisme islamiste", après l'affaire du lycée Ravel à Paris. Le proviseur, qui était menacé de mort après avoir demandé à une élève d'enlever son voile, a quitté ses fonctions. Une plainte sera déposée contre l’élève qui l'accuse de violence. Un nouveau proviseur est en poste depuis lundi.

Une plainte va être déposée par l'Etat pour "dénonciation calomnieuse" contre l'élève qui a accusé le proviseur de son lycée parisien de l'avoir violentée après son refus d'enlever son voile a annoncé le Premier ministre mercredi soir. Un peu plus tôt dans la journée, Gabriel Attal a reçu cet ancien proviseur de la cité scolaire Maurice-Ravel, dans le XXe arrondissement de Paris, qui a quitté ses fonctions en début de semaine.

Un "départ anticipé en retraite" au vu des événements qui ont marqué ces dernières semaines, explique le rectorat, en référence aux menaces de mort qu'il a subies suite à l'altercation avec cette élève de BTS, fin février, à qui il avait demandé d'enlever son voile.

Le proviseur par intérim a pris son poste lundi au sein de la cité scolaire Maurice-Ravel. Et il arrive dans un établissement qui vit, avec ce départ, un deuxième traumatisme. Des dizaines d'élèves s'agitent sur le trottoir devant les grilles du lycée. Peu en parlent, mais beaucoup, comme Deva, ont été surpris par la démission de leur proviseur.

“C’est triste, je trouve. Un proviseur, il essaye juste de faire appliquer le règlement de son établissement, c’est-à-dire la laïcité. Et là, il se retrouve à ne plus avoir de travail. On ne trouve pas ça normal parce qu’on se dit que s’ils n’arrivent déjà pas à protéger ceux qui représentent l’Éducation nationale, nous, comment ils vont nous protéger?”, déplore-t-elle.

Une recrudescence du problème du religieux

Mais d'autres élèves sont plus sévères. Dans la classe d'Oriane, par exemple, quand le changement de proviseur est évoqué, "ils ont commencé à applaudir". "Ils célébraient ça", dénonce-t-elle.

Car même si elle a été classée sans suite, ce que beaucoup retiennent, c'est la plainte déposée par la lycéenne contre son ancien proviseur. "On comprend qu’il ait pu demander à une élève d’enlever son voile, mais comment il l’a fait? Peut-être avec violence?", s’interroge un élève.

Ces problèmes liés à la laïcité, les enseignants y sont régulièrement confrontés, explique une prof de musique de la cité scolaire Maurice-Ravel.

“Ça prend des proportions qui ne devraient pas être. Il y a une montée d’un problème du religieux qui revient alors que c’était terminé depuis longtemps. Ça ça inquiète”, pointe-t-elle.

Ça inquiète et ça agace, aussi, certains professeurs qui aimeraient retrouver de la tranquillité au sein de leur établissement pour que les élèves puissent travailler sereinement.

Martin Bourdin et Alfred Aurenche avec Guillaume Descours