RMC
Éducation

Essonne: colère des éducateurs de rue qui voient leur budget raboté par le département

placeholder video
Les éducateurs de rue manifestent ce jeudi devant le Conseil départemental de l'Essonne pour protester contre le coup de rabot visant la "prévention spécialisée", dans le budget 2025 de la collectivité. L'enveloppe passe ainsi de 5,7 à 3,5 millions d'euros tandis que 17 communes ne seront plus aidées.

Les éducateurs de rue de l'Essonne se mobilisent ce jeudi à 14h devant le conseil départemental, à Evry. Dans ce département où les violences entre bandes de jeunes sont un fléau, les éducateurs protestent contre les coupes des subventions destinées à la "prévention spécialisée".

Le budget alloué par le département passe de 5,7 à 3,5 millions d'euros et les actions d'éducation spécialisée vont être supprimés dans 17 villes. D'autant que le reste à charge des communes passe de 30 à 50% par rapport à l'an dernier, rapporte Le Parisien. Cette coupe correspond 20 à 40 postes en moins sur les 125 éducateurs du département.

"Sans ces financements, on ne peut pas travailler", dénonce auprès de RMC Camille Charles, éducatrice à Grigny et mobilisée ce jeudi après-midi. Celle-ci craint d'avoir encore moins le temps d'aller sur le terrain. "Soit on est seul, soit on est deux mais il faut aussi qu'on soit présent dans le local pour accueillir les jeunes qui ont besoin de faire des démarches."

"Sentiment de traîtrise"

L'éducatrice alerte aussi sur la recrudescence de la violence. "La mission de rue principale est déjà un peu impactée, c'est grave parce qu'on parle aujourd'hui d'une jeunesse qui va mal, de la violence qui globalement est en train s'accentue." "Nous regroupons près de 25 % des rixes du pays", affirme dans Les Echos Francisque Vigouroux, président de l'Union des maires de l'Essonne et maire (DVD) d'Igny.

Des coupes pour un secteur qui semblait prioritaire jusqu'à présent et synonymes de mépris pour Thibault Nachin, membre du collectif Educ de rue 91. "Un sentiment de traîtrise parce qu'en juin 2024, on signait des conventions en disant que si des communes demandaient à avoir de la prévention spécialisée, on allait développer les fonds nécessaires. On ne comprend pas cette logique", regrette-t-il.

"Dépenses non obligatoires"

"Du côté de la méthode, c’est déplorable, on est prévenu du jour au lendemain. On se demande d’où ils sortent leurs critères [...] Ces décisions mettent en péril le travail mené par les diverses associations de prévention spécialisée qui œuvrent dans nos territoires depuis des années", déplorait fin février dans les colones du Parisien Clovis Cassan, maire socialiste des Ulis.

Le département, lui, assure qu'"on ne peut pas faire autrement", son président François Durovray (LR) fait mention de coupes budgétaires qui n'épargnent aucun secteur. Le vice-président Alexandre Touzet a justifié cette décision en invoquant "des économies sur les dépenses non obligatoires".

Nicolas Traino avec Léo Manson