Etude Pisa: la France enregistre une baisse "historique" du niveau en maths

L'OCDE a publié ce mardi son étude internationale Pisa 2022, passant au crible la compréhension de l'écrit, la culture mathématique et la culture scientifique. Pour son édition 2022, il s'attarde spécifiquement sur les mathématiques, comme il l'avait fait en 2012 et 2003.
Alors que les pays asiatiques figurent parmi les meilleurs élèves en mathématiques, en sciences et en lecture, les résultats pour la France sont sans appel: le niveau des élèves en mathématiques connaît une baisse "historique", quelques heures seulement avant que Gabriel Attal ne dévoile des "mesures fortes" pour relever le niveau des élèves, notamment au collège.
"En mathématiques, la forte baisse observée en France entre 2018 et 2022 est la plus importante observée depuis la première étude Pisa" en 2000, note l'OCDE.
L'organisation précise que cette baisse est de "21 points, contre une baisse de 15 points pour la moyenne OCDE".
Les résultats de la France la placent dans la moyenne des pays de l'OCDE, comme en 2018, "à un niveau comparable à celui de l'Espagne, la Hongrie et la Lituanie dans les trois matières", explique Irène Hu, spécialiste éducation de l'OCDE.
Une baisse qui ne surprend pas
Selon Eric Charbonnier, spécialiste de l'éducation à l'OCDE, ce n’est pas la première baisse du niveau en maths que la France connaît. "Une baisse avait déjà été observée entre 2003 et 2006 puis les résultats sont restés stables entre 2006 et 2018", précise-t-il.
L’anxiété des élèves français a, elle aussi, été revue à la baisse. Initialement, et jusqu’à présent parmi les plus anxieux des pays de l'OCDE vis-à-vis des mathématiques, ils ont désormais "un niveau d'anxiété au niveau de la moyenne OCDE". Un changement qui s'explique "par une baisse du niveau d'anxiété des élèves en France entre 2012 et 2022 combinée dans le même temps à une augmentation du niveau d'anxiété dans de nombreux pays de l'OCDE.”
Plusieurs facteurs peuvent en tout cas expliquer ces mauvais résultats en 2022. Eric Charbonnier précisent qu’ils "sont à inscrire dans le contexte particulier de la pandémie mondiale de Covid-19”. Mais le Covid n'est pas l'unique explication: "Le problème d'attractivité (du métier d'enseignant) a un impact sur les résultats également, comme la crise du Covid", assure-t-il.
Selon l'OCDE, en 2022, "67% des élèves étaient scolarisés dans des établissements dont le principal/proviseur avait déclaré que la capacité à dispenser l'enseignement était entravée par un manque de personnel enseignant. En 2018, ils étaient seulement de 17%".
"On note aussi, par rapport à 2018, qu'il y a une moindre implication parentale dans le suivi des progrès de leur enfant, ce qui a pu également jouer sur le déclin de la performance", ajoute Irène Hu, également spécialiste de l'éducation à l'OCDE.
Gabriel Attal veut relever le niveau des élèves
La France connaît aussi une forte baisse du niveau de ses élèves en compréhension de l'écrit, dont la tendance est à la baisse depuis 2012 dans le pays. "La performance des élèves a baissé de 19 points en compréhension de l'écrit, contre 10 points pour la moyenne OCDE" par rapport à 2019, explique l'OCDE.
En sciences, les résultats sont restés plutôt stables, "sans que l'on puisse expliquer pourquoi", concède Eric Charbonnier.
Le ministre de l'Éducation nationale Gabriel Attal profitera donc de la publication très attendue de l'étude Pisa pour promouvoir son "choc des savoirs" en dévoilant mardi après-midi lors d'une conférence de presse, une série de "mesures fortes" pour relever le niveau des élèves, surtout au collège.
Parmi elles: un recours plus facile au redoublement, un retour des groupes de niveaux, une révision des programmes ou encore la labellisation des manuels scolaires.
Il y a quelques semaines, le ministre s'était alarmé des résultats "inquiétants" en français et en mathématiques des évaluations nationales passées en classe de quatrième en septembre.
"En quatrième, on voit que durant le collège le niveau stagne, voire régresse, ce qui signifie que le collège ne parvient pas à réduire les écarts constatés à l'entrée en 6e. Le risque, si on ne fait rien, c'est que notre collège tombe en panne", avait-il affirmé.