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Éducation

Fouilles des élèves par les personnels éducatifs: la mesure divise avant son passage au Sénat

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Le Sénat va se pencher ce jeudi sur les violences à l'école. Et notamment la mise en place de fouilles. Des contrôles de sacs seront effectués d'ici au printemps. Mais l'idée de ce texte, c'est d'aller encore plus loin et permettre au personnel éducatif de pouvoir fouiller les sacs et les casiers des élèves. Mais la mesure divise.

À l’heure où de plus en plus de mineurs transportent des armes blanches, une proposition de loi va être examinée ce jeudi matin au Sénat sur les violences à l’école. La ministre de l'Éducation Élisabeth Borne avait déjà annoncé des fouilles devant les établissements scolaires par les forces de l’ordre. Mais si cette proposition de loi est adoptée, elle pourrait permettre la fouille des sacs et des casiers des élèves directement par les chefs d’établissements.

En effet, aujourd’hui, seule la police a le droit de fouiller le cartable d’un élève. Si cette proposition de loi est adoptée, le chef d’établissement, son adjoint ainsi que le Conseiller principal d’éducation, le CPE, pourront fouiller un sac ou un casier. Mais attention uniquement avec l’accord de l’élève ou de ses parents.

"Nous sommes des éducateurs avant tout"

Une proposition soutenue par le syndicat d’éducation SNALC qui estime que c’est nécessaire, par exemple quand un élève rapporte qu’il a vu un couteau dans un sac. D’autres syndicats regrettent une approche répressive, et pas éducative. “Nous sommes des éducateurs avant tout”, rappelle Bruno Bobkiewicz du syndicat des directeurs d’établissements. Il estime que les établissements scolaires, avec 12 millions d’élèves accueillis chaque jour, sont des lieux excréments sûrs.

Au lycée Saint-Gabriel de Bagneux où un adolescent a donné un coup de couteau à un camarade le mois dernier, les élèves ne seraient pas dérangés que leurs sacs soient fouillés. “Vu ce qu’il s’est passé, ce serait le minimum”, souffle une élève.

Des fouilles jugées plus efficaces que les seuls contrôles visuels autorisés jusque-là pour empêcher l'entrée de couteaux. La fouille du sac se ferait uniquement avec l'accord de l'élève ou des parents qui sont plusieurs à parler de "bon sens".

“Ils le font déjà dans les aéroports donc ça ne me dérangerait pas qu’ils le fassent à l’école”, pointe un parent d’élève.

Une relation de confiance brisée avec les élèves?

Mais il existe tout de même des réticences chez des élèves, opposés à une atteinte à leur vie privée. “Ce serait un peu toucher à mon intimité même si je n’ai rien à me reprocher. Moi, je préfère que ce soient des policiers, ce sont des professionnelles”, appuie-t-il.

C'est pourquoi cette conseillère principale d'éducation en Normandie, Clarisse Macé, est contre. Ce n'est pas le rôle d'un CPE martèle la représentante nationale de la profession au syndicat SNES-FSU.

“Nous les informations qu’on a, souvent, elles viennent des élèves. Si on rompt cette relation de confiance qu’on a, on est plus du tout perçu comme des CPE, mais comme des policiers et ce n'est pas l'objectif", justifie-t-elle.

Raisonner les élèves a déjà permis à la CPE de détecter et confisquer des couteaux, et ce, sans les fouiller.

Bérangère Bocquillon et Nicolas Traino avec Guillaume Descours