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Pourquoi les annonces de Borne sur les contrôles des écoles privées semblent compliquées à tenir

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Elisabeth Borne, la ministre de l'Éducation nationale, a annoncé vendredi 21 février 2025 sur RMC-BFMTV que les contrôles dans les écoles privées sous contrat allaient être renforcés. Mais l'objectif annoncé est-il réellement tenable?

Après les révélations sur l'affaire Notre Dame de Bétharram, la ministre de l’Éducation Elisabeth Borne assurait sur RMC vendredi qu'elle allait renforcer les contrôles dans les écoles privées sous contrat. "40% des établissements privés vont être contrôlés dans les deux prochaines années", a-t-elle notamment déclaré.

Autre inspection, celle des professeurs, les titulaires sont autant inspectés dans le privé que dans le public, mais le privé compte beaucoup plus de professeurs contractuels, qui sont eux, très peu inspectés.

"Un objectif irréalisable"

Mais d’après nos informations, la tâche sera beaucoup plus compliquée que ça. “Un objectif irréalisable”, pour Eric Nicollet du syndicat des inspecteurs de l’éducation nationale. Pour contrôler 40% des 7.500 établissements privés sous contrat d’ici 2027, 60 inspecteurs ont été recrutés à la dernière rentrée. “Ils sont déjà tous débordés et qui ne sont pas réservés au contrôle du privé”, explique-t-il.

Sans compter qu’il ne faut pas s’imaginer des contrôles avec visites des écoles et des discussions avec les enseignants et les élèves: 75% de ces contrôles se feront sur pièces, c’est-à-dire d’après des documents fournis par les établissements.

Les indiscrets : Contrôle dans les écoles privées sous contrat, difficile à mettre en place ? - 24/02
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Aucun contrôle financier?

Autre surprise: pourquoi prévenir plus d’un mois en avance un établissement comme Bétharram qu’il va être contrôlé? “C’est inconcevable”, pour Paul Vanier, député La France insoumise qui a obtenu l’ouverture d’une commission d’enquête à l’Assemblée sur le contrôle des établissements privés. Car, ajoute-t-il, les écoles privées sont beaucoup moins contrôlées que les écoles publiques.

La Cour des comptes a, par exemple, révélé en 2023 que quasiment aucun contrôle financier n’était réalisé. “Ça n’est pas notre responsabilité”, répond l’enseignement privé catholique, “c’est l’État qui ne fait pas son travail, car nos comptes sont à leur disposition”. Un guide de contrôle des établissements privés vient d’être envoyé aux recteurs. Plusieurs inspections sont déjà prévues, bien en avance.

Bérengère Bocquillon