"Il faut surmonter ses peurs": après l'attaque d'Arras, rentrée angoissante pour de nombreux élèves

A Arras, c'est avec appréhension et inquiétude que les élèves ont pris le chemin de l'école ce lundi 16 octobre. Après le meurtre vendredi d'un professeur de français, poignardé à mort devant son établissement d'Arras (Pas-de-Calais) par un ancien élève fiché S, de nombreux élèves sont encore sous le choc.
Emmanuel Macron a tenté de les rassurer dans un message posté avant la reprise des cours ce lundi matin à 10 heures. Le chef de l'Etat salue la mémoire de Dominique Bernard, "assassiné parce qu'il était enseignant" et au comportement "héroïque", ce qui "fait tragiquement écho à l'assassinat de Samuel Paty, voilà trois ans jour pour jour".
"Nous avons agi, nous agissons et nous continuerons d’agir pour que notre École demeure un sanctuaire pour nos élèves et pour tous ceux qui y travaillent."
"Ça fait quand même peur"
Au collège-lycée Gambetta où enseignait Dominique Bernard, les cours ne reprendront que mardi. Mais Ilan n'ira pas en classe. Ce jeune de 13 ans, élève de 4e, a besoin de laisser passer les vacances qui débutent vendredi. "On ne peut pas reprendre tout de suite, ce n’est pas possible", souffle-t-il, estimant que le temps ne fera pas vraiment "guérir" ce qu'il a vécu. "Notre prof, on l'a vu crier, demander à l'aide... Je ne pense pas que le temps aidera à oublier. Mais le fait d'en parler et le soutien de ma famille va m'aider", assure-t-il.
Maïline, élève de 4e aussi, se rend au collège ce lundi, mais à quelques kilomètres du lycée Gambetta, et surtout avec la boule au ventre.
"Ça fait quand même peur, même si on sait qu'on est en sécurité", témoigne-t-elle.
Sa maman, Magalie, a dû insister un peu pour la convaincre d'y aller: "Elle ne voulait pas mais il faut surmonter ses peurs. Il ne faut pas se laisser avoir par ça et essayer de reprendre le train-train, avec une petite pensée", explique-t-elle.
Une journée durant laquelle Maïline espère surtout pouvoir parler: "Moi ça me ferait du bien, sur le coup on ne réalise pas trop. Ce serait bien d'en parler avec les professeurs, une psy ou quelqu'un", confie la jeune collégienne.
Les enseignants réclament du temps
Des enseignants qui n'auront pas forcément toutes les réponses. Il aurait fallu prévoir plus de temps avant ce retour en classe regrette Catherine Piecuch, secrétaire académique FSU du Nord-Pas-de-Calais.
"On ne peut pas faire comme si de rien n'était, que ce soit pour nous ou pour les enfants que nous avons à prendre en charge. Nous ne sommes pas des robots, nous devons avoir le temps de faire les choses, de les préparer et de pouvoir passer les bons messages de la meilleure façon possible", explique-t-elle.
Une minute de silence sera observée à 14h dans tous les établissements scolaires de France ce lundi.