Ils assument de fouiller dans le téléphone de leurs ados: "Ce n'est pas fliquer, c'est notre rôle"

"J'ambitionne de dire aux parents: l'autorité, c'est vous. Je veux revenir sur quelque chose qui me frappe ces dernières années, c'est de penser qu'un adolescent a une vie privée. C'est un mineur, les parents ont le droit de fouiller dans le téléphone et dans la chambre", a déclaré ce mardi Sabrina Agresti-Roubache sur France 2.
Les propos de la Secrétaire d'État chargée de la Ville et de la Citoyenneté n'ont pas manqué de faire réagir, notamment sur les réseaux sociaux, certains internautes rappelant notamment que l'article 16 de la Convention internationale des Droits de l'enfant prévoit que "nul enfant ne fera l'objet d'immixtions arbitraires ou illégales dans sa vie privée, sa famille, son domicile ou sa correspondance".
"J'ai un contrat moral avec ma fille"
Alors, faut-il fouiller le téléphone de ses enfants? "Je surveille", nuance Blandine, auditrice RMC qui est intervenue ce mercredi dans les Grandes Gueules. "Avec une application installée sur son téléphone, je peux surveiller sa position. Je surveille les groupes. Cela m'a permis de voir l'année dernière que ma fille avait eu une embrouille et avait des propos hallucinants et méchants, je ne la reconnaissais pas", explique-t-elle. "Tout le monde peut me critiquer, je ne regrette pas, je suis maman et je suis assez responsable", se justifie-t-elle.
Même son de cloche chez Xavier, expert en cybersécurité. "Ce n'est pas fliquer, j'ai un contrat moral avec ma fille, ça fait partie de notre rôle, c'est une obligation parentale, ce n'est pas réduire la liberté de communication de l'enfant", expose-t-il.
"Je ne lis pas en détail les messages, je regarde avec qui elle discute et si elle connaît réellement les personnes avec qui elle discute", argue-t-il, mettant en avant qu'il assiste à beaucoup de sorties scolaires de sa fille et qu'il intervient régulièrement lorsqu'il assiste à des scènes de harcèlement.
Un principal de collège constate que peu de parents "jettent un oeil"
Jonathan, cuisiner dans le Loiret, rejette également toute idée de "flicage". "Je leur demande, je jette un oeil de temps en temps, je regarde les messages, ce qu'elles font sur internet". Lui aussi possède l'application qui permet de gérer les téléphones à distance.
"J'ai dû gérer une situation sur un réseau social. Je suis effaré de constater qu'aucun des parents, quasiment, ne jetait un oeil", explique Mathieu, directeur de collège dans l'Ouest.
Le chef d'établissement s'est également confié sur son cas personnel: "Mon fils de 21 ans a du mal à gérer cette liberté, je suis restrictif, j'ai désactivé Google". Selon lui, l'école ne peut pas contrôler ce qu'il se passe sur les réseaux sociaux. "C'est extérieur à l'établissement. Toutes les classes de France ont un groupe Snapchat ou Whatsapp, qui sont hors de contrôle".
Un avis qui n'est pas partagé par Olivier Truchot, qui déplore une "dérive". "Est-ce qu'on va lire le journal intime de son enfant si on le trouve en dessous son lit?", interroge-t-il. Selon lui, cela équivaut à la même chose que de fouiller un téléphone. "On est en train de créer un truc effrayant, il faut foutre la paix à nos enfants, ne pas en faire des personnes traquées. Il faut qu'ils aient leur part de liberté", plaide l'animateur des Grandes Gueules.