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INFO RMC. Éducation à la sexualité: manifestations contre le nouveau programme jugé "pas acceptable"

Une manifestation à Paris à l'appel de la Manif pour tous.

Une manifestation à Paris à l'appel de la Manif pour tous. - Alain Jocard - AFP

La nouvelle version du programme scolaire sur l’éducation affective et sexuelle “n’est pas acceptable” pour certaines associations comme le Syndicat de la Famille (ex-Manif pour tous), qui manifestera ce vendredi à Lille et mercredi prochain à Lyon.

C’est un sujet brulant et le ministère de l’Éducation nationale ne le sait que trop: la ministre Anne Genetet déclarait ce mardi matin que ce nouveau programme sera “très progressif” et “séquencé”. Ainsi, de la maternelle au CM2, il s’intitulera: “Éducation à la vie affective et relationnelle”.

Et de la 6ᵉ à la Terminale: “Éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle”. Il doit entrer en vigueur à la rentrée 2025 ou même avant si certains enseignants souhaitent s’en saisir dès leur parution officielle.

Le SNPDEN soutient ce programme

La version initiale publiée en mars dernier était “trop pudique” pour certains syndicats enseignants. Elle a depuis été modifiée avant une première commission prévue ce mercredi en préparation de son passage le 5 décembre en Conseil supérieur de l’éducation. Mais cette version modifiée ne convient plus au syndicat de la famille qui déplore une “lecture politique des identités sexuelles”.

Pourtant, le programme rappelle en préambule que les enseignants devront faire œuvre de pudeur et de délicatesse. Et l’Éducation nationale veut mettre en place un programme clair pour les enseignants et rassurant pour les parents. Ainsi, à 4 ans, en maternelle, ce nouveau programme recommande un travail sur les émotions, mais aussi sur les “noms des parties intimes” ; et en Terminale, les lycéens devront “s’interroger sur les différences entre excitation, sentiment, désir et plaisir”.

Éducation au consentement, prévenir les violences et les maladies sexuellement transmissibles ou parler de l’exposition à la pornographie… Audrey Chanonat, co-secrétaire nationale du syndicat national des personnels de direction de l’éducation nationale (SNPDEN), et principale d’un collège à Cognac soutient ce nouveau programme d’éducation à la vie affective et sexuelle, car ces thématiques impactent beaucoup les établissements, “pour les adolescents, le rapport au corps, à la vie affective et au porno est absolument à travailler”.

“Trop de références aux identités de genre”

Mais le terrain est miné à cause de “fantasmes de certains parents” disent certains syndicats enseignants. “Pas du tout”, répond le syndicat de la Famille (ex-Manif pour tous) qui regrette qu’on sensibilise aux différents types de familles dès 4 ans: “trop tôt”, selon eux.

Ils déplorent également “trop de références aux identités de genre”, qui “éloignent les adolescents de la réalité du féminin et du masculin”. Le Syndicat de la Famille prévoit de manifester dès vendredi 22 novembre à Lille, ainsi que mercredi 27 novembre à Lyon. Il compte par ailleurs envoyer des courriers aux recteurs et aux chefs d’établissements pour les convaincre de réviser en profondeur le programme.

L’enjeu est de taille pour l’Éducation nationale puisqu’en 2014, le programme scolaire des “ABCD de l’égalité” qui devait lutter contre le sexisme et les stéréotypes filles/garçons est abandonné suite à la contestation de divers militants, et notamment de La Manif pour tous.

Aujourd’hui, les enseignants attendent donc de ces programmes qu’ils soient assez clairs et consensuels pour leur permettre de s’en saisir sans craindre la réaction des parents d’élèves. En effet, si une loi oblige aujourd’hui tous les établissements scolaires à organiser trois séances par an sur ces questions du CP à la Terminale, en pratique, seuls 15% des élèves en bénéficient.

Bérengère Bocquillon