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"Les choses changent": les mesures pour lutter contre le harcèlement saluées par les victimes

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Après la parution d'un décret permettant de demander le changement d'établissement pour un élève harceleur, les associations et militants engagés contre le harcèlement sont relativement satisfaits des avancées apportées à la problématique.

C'est désormais officiel, comme le désirait Pap Ndiaye, l'ex-ministre de l'Education… Dorénavant, ce sera à l'élève harceleur de quitter l'établissement dans lequel les faits de harcèlement ont été perpétrés, et non plus à la victime.

La mise en oeuvre de ce décret était l'une des priorités de Gabriel Attal depuis son arrivée à la tête du ministère, priorité initiée par son prédecesseur lorsque, notamment, l'affaire du suicide de Lindsay, une adolescente de 13 ans victime de harcèlement scolaire, avait defrayé la chronique en mai dernier.

Pour rappel, voici comment va désormais fonctionner le processus. Si un cas de harcèlement est avéré, le personnel éducatif met en place tout d'abord des mesures en place pour faire cesser le comportement. Si cela ne marche pas, alors une demande est réalisée pour que l'élève harceleur soit exclu et rescolarisé ailleurs. Dans ce nouvel établissement, il devra d'ailleurs bénéficier d'un accompagnement renforcé.

À noter une autre nouveauté : désormais un élève harceleur pourra être exclu de son école, même en primaire. Ce sera au maire de la commune de s'occuper du dossier. Si sa ville ne compte pas d'autre école primaire, alors il devra trouver un autre établissement dans une commune voisine.

"Petit à petit, on avance"

Toutes ces mesures mises en place avant la rentrée sont globalement bien accueillies par les différentes associations engagées contre le harcèlement scolaire. Élian Potier, un jeune homme de 21 ans anciennement victime de harcèlement et président de l'association Urgence harcèlement, fait partie de ces militants satisfaits.

"On attend ça depuis pas mal de temps et on ne peut qu'être satisfait de voir que les choses changent. Je suis heureux de voir que l'on avance, petit à petit, mais on avance sûrement", a déclaré Élian Potier, président de l'association Urgence harcèlement.

Élian connaît le sujet sur le bout des doigts, lui qui a été victime de harcèlement au collège, en classe de troisième. "J'ai dû quitter mon établissement parce que j'étais harcelé et que personne ne voulait me protéger et m'aider dans cette situation", relate le jeune homme.

Témoin RMC : Élian Potier - 18/08
Témoin RMC : Élian Potier - 18/08
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Au niveau de sa "santé" et de sa "sécurité", Elian estime que "c'était le mieux de partir car mon proviseur ne m'a pas aidé". D'ailleurs, un détail de cette histoire fait écho à l'actualité récente… En effet, le changement d'établissement du harceleur, dans son cas, "avait été envisagé, mais cela n'a pas été fait".

Les parents jouent un rôle clé

Selon Élian Potier, il y a indéniablement du chemin qui a été parcouru ces dernières années.

"Il y a cinq ans, on en était pas au stade d'aujourd'hui où à l'époque on en parlait pas suffisamment. On ne connaissait pas les tenants et les aboutissants du sujet. Aujourd'hui, on sait que le harcèlement tue, et que ne pas aider une victime de harcèlement c'est la mettre dans une position hyper délicate".

S'il assure voir "l'investissement des proviseurs et des enseignants", il déplore qu'aujourd'hui encore, certains membres du corps éducatif "ne veulent pas voir" le problème, tandis que d'autres voient le problème mais "ne savent pas comment procéder à l'interpellation des harceleurs".

Il estime qu'il y a "une part de bon sens" que doivent avoir les professeurs et les chefs d'établissement, mais aussi d'un peu plus de formation. Une formation dont pourraient d'ailleurs aussi bénéficier les parents d'élèves, car "quand on est parent, on peut aussi avoir les moyens de reconnaître une situation de harcèlement de son enfant ou d'un camarade".

- Victime ou témoin de harcèlement : appelez gratuitement le 30 20 pour signaler un cas de harcèlement. Le 3020 est joignable de 9h à 20h du lundi au vendredi (sauf jours fériés) et de 9h à 18h le samedi.

- En cas de cyberharcèlement : composez gratuitement le 30 18, disponible 7j/7, de 9h00 à 23h00. Une équipe dédiée composée de psychologues, juristes et spécialistes des outils numériques.

Alexis Lalemant, Amandine Réaux