Les enfants vont à l'école seuls plus tard qu'avant: "Les parents cherchent à tout contrôler"

Les enfants vont à l'école seuls plus tard qu'avant, selon un rapport de l'Ademe, à savoir 11 ans et demi en moyenne. Attention à ne pas trop retarder cette étape, souligne sur RMC la psychologue Béatrice Cooper, malgré l'angoisse sécuritaire. "Il faut leur montrer qu'on leur fait confiance."

À quel âge un enfant peut-il aller seul à l’école ? Selon une étude de l’Ademe, publiée le 2 septembre, les enfants effectuent leur premier déplacement en autonomie à 11 ans et demi en moyenne, contre 10 ans et demi pour leurs propres parents. Une régression qui illustre le poids croissant de l’angoisse parentale.

En CM2, seulement 9 % des enfants vont à l’école seuls et ils ne sont qu’un peu plus d’un tiers (36 %) en classe de sixième. Les freins sont connus : la peur des accidents, du harcèlement, des agressions. 70 % des parents redoutent ces risques, et plus des trois quarts estiment que marcher est aujourd’hui plus dangereux que dans leur enfance.

Frédérique, mère de quatre enfants, raconte à RMC: "À partir de 10 ans, s’ils se sentent prêts, ils peuvent y aller. J'en avais une qui flippait, donc on a attendu 11 ans." Elle-même avait pourtant franchi ce cap bien plus tôt, à l'âge de 7 ans.

Un contraste qui illustre un changement d’époque, selon Alexandra, qui a grandi dans les années 1990. "J’habitais à la campagne, je sortais avec mon vélo. Ce n’était pas la même époque. Maintenant, on entend des enfants qui se font tuer, poignarder… On a peur."

Les parents veulent "tout contrôler"

Pour Béatrice Copper-Royer, psychologue clinicienne, cette inquiétude est devenue un phénomène de société. "Ça ne m’étonne pas. Il y a une angoisse sécuritaire très forte aujourd’hui : les parents sont surinformés, surconnectés, et cherchent à tout contrôler. Ils équipent leurs enfants de téléphones pour être sûrs de bien les surveiller", souligne-t-elle sur RMC.

Une attitude compréhensible mais pas sans conséquence. "Cela a mis dans la tête des parents un besoin irrépressible de tout savoir, de tout contrôler. Ils veulent les protéger à l’infini", pointe-t-elle, tout en reconnaissant qu'il " y a une part de très bonne volonté."

Mais ce réflexe de surprotection retarde un apprentissage essentiel. "C’est un peu dommage : l’autonomie fait partie de l’éducation. L’enfant doit pouvoir avoir confiance en lui, se dire qu’il peut se débrouiller sans que ses parents lui tiennent la main à l’infini", poursuit la psychologue.

Le 3216 RMC : À quel âge laisse-t-on les enfants aller seuls à l'école ? - 12/09

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Celle-ci nuance: "Évidemment, il y a des règles de prudence : il ne faut pas faire les choses trop tôt. Laisser un enfant de 7 ans aller seul à l’école, c’est prématuré." Mais à l’inverse, attendre trop longtemps peut priver l’enfant d’une étape décisive. "Les enfants sont fiers d’aller à l’école tout seuls, ils ont l’impression d’être dans la cour des grands. Ce sont des étapes qu’il ne faut pas louper : leur montrer que, petit à petit, ils deviennent de plus en plus autonomes, et qu’on leur fait confiance."

Les filles, encore plus protégées que les garçons

L’étude révèle aussi une différence de traitement entre filles et garçons. 40 % des parents estiment qu’il est plus dangereux pour une fille de se déplacer seule, rapporte Mathieu Chassignet, ingénieur transport et mobilité à l’ADEME. "On craint davantage pour les filles, qu’elles soient agressées, qu’elles se débrouillent moins bien. Il y a encore cette idée que le petit garçon est plus courageux, valeureux, débrouillard. C’est un stéréotype qu’il faut combattre", conclut Béatrice Copper-Royer.

Ameline Lavechin avec LM