"On ne doit pas donner le bac à tout le monde": après la polémique, Borne veut des corrections plus exigeantes

La ministre de l'Éducation Nationale Elisabeth Borne a annoncé, dimanche, l'envoi d'une circulaire comprenant des instructions pour les corrections du baccalauréat à la rentrée. Alors que le taux de réussite est de 91,8% cette année, elle demande aux correcteurs de faire preuve d'exigence vis-à-vis des élèves qui passent l'examen.
"On ne doit pas donner le bac à tout le monde", prévient-elle. La ministre dit avoir vu dans la presse des consignes de bienveillance excessives qui pouvaient être données dans les corrections. Elisabeth Borne assure que ces consignes de bienveillance dans les corrections ne viennent pas du ministère. Pourtant, elles existent bien selon plusieurs syndicats enseignants.
"Dans un centre pour le bac, les corps d'inspection ont demandé à tous les correcteurs de reprendre leurs copies pour pouvoir atteindre un 13 de moyenne", déplore Sébastien Vieille, secrétaire national du Snalc.
Selon le Snalc, la réussite au bac est encore plus facilitée depuis la réforme Blanquer de 2019. Le contrôle continu, qui compte désormais pour 40% de la note finale, n'est pas une bonne chose selon Sébastien Vieille: "Forcément, quand on évalue nos élèves, on peut avoir plus de bienveillance, ou il peut y avoir des consignes des chefs d'établissement."
Un taux plus élevé depuis le Covid
De quoi faire perdre de la valeur à l'examen. "Très franchement, ça ne veut plus dire grand chose. Quand vous avez des palliers d'orientation, comme l'est le bac, il faut quand même voir le niveau de l'élève pour l'orienter de manière efficace, pour lui-même et pour la société", se désole Laurent Frajerman, sociologue spécialiste des questions éducatives.
Cela peut se traduire, selon le spécialiste, par des difficultés lors des études supérieures, et à terme, dans l'insertion professionnelle.
Le taux de réussite est de 91,8% cette année, contre 84% il y a 20 ans. Pendant le Covid, "le taux de réussite au bac a augmenté et est resté depuis élevé", donc Elisabeth Borne a demandé à ses services "de trouver les raisons de ces augmentations et le cas échéant, on prendra les mesures nécessaires".