"Pas une discrimination": une cantine du Tarn est réservée aux enfants dont les parents travaillent

Dans le Tarn, pour manger à la cantine, il vaut mieux avoir des parents qui travaillent. Le maire de Mazamet (10.063 habitants) a décidé que les enfants des chômeurs passeraient après ceux des travailleurs en cas de forte affluence à la cantine scolaire.
Selon Olivier Fabre, l'édile de la ville, depuis plusieurs années, "l’augmentation de la fréquentation du service, les problèmes liés à un manque de discipline, tant de la part des parents, que de la part des enfants (insultes vis-à-vis du personnel, violences verbales ou physiques vis-à-vis des autres enfants) imposent la modification du règlement actuel".
"Établir un ordre de priorité"
En conséquence, "par mesure de sécurité, compte tenu de la capacité d’accueil de la cantine, la municipalité sera amenée à prioriser les enfants dont les parents (ou le parent isolé) ont un besoin absolu de garde" en raison d'une activité professionnelle poursuit l'élu de droite.
En cas d'affluence, priorité aux enfants de travailleurs donc, les enfants de chômeurs pouvant bénéficier d'un repas à domicile, leurs parents étant théoriquement disponibles, estime Olivier Fabre.
"Il faut bien établir un ordre de priorité. Ce n’est pas une discrimination, c’est juste une priorité qu’on assume (...) L’assistanat, ça suffit, il faut responsabiliser un peu les gens", a-t-il assuré dans un Facebook Live diffusé mardi 5 décembre sur le compte officiel de la ville.
"Violent vis-à-vis des enfants"
"Je ne vois pas comment il pourrait faire pour trier autrement. Ce n'est pas de la démagogie, c'est une vraie proposition", juge ce vendredi sur le plateau des Grandes Gueules, l'agriculteur Didier Giraud. "Ce n'est pas une mesure d'exclusion permanent, c'est uniquement en cas de 'suraffluence' et ce n'est pour l'instant jamais arrivé", abonde Jean-Baptiste Djebarri. "Cela ne me paraît pas relever d'une discrimination patente", ajoute l'ancien ministre de Transports.
"C'est déjà le cas dans ma commune", assure Pierre, qui vit à Blotzheim (4466 habitants) dans le Haut-Rhin. "On ne trouve pas ça discriminatoire, on trouve ça logique. Il y a des parents qui travaillent donc ils ont besoin de ce service. Après s'il reste de la place, on ouvre aux autres", explique-t-il sur RMC et RMC Story
"Il faut faire un choix et quand on ne travaille pas, on peut accueillir ses enfants. Je travaille moi-même de la maison et je cuisine régulièrement pour mes enfants quand ils rentrent parfois à l'heure du déjeuner", raconte Pierre.
Mohamed, qui a grandi à Mazamet, déplore lui la manière dont ont été présentées les choses par le maire: "Il aurait dû dire qu'il allait gérer le problème et qu'en attendant, il devait trancher pour accueillir ceux qui en avaient vraiment besoin", déplore-t-il. "Il est allé sur l'assistanat et les chômeurs. Et je trouve que ce message est un peu trop direct et violent vis-à-vis des enfants", juge Mohamed.