Pénurie d’enseignants: vers un changement du système de mutation de l'Éducation nationale?

Alors qu'il y a près de 2.500 démissions d’enseignants chaque année, et pas assez de candidats aux concours, le ministère de l’Éducation nationale s’attaque au désamour de la profession avec un sujet qui fâche: le système de mutation des professeurs.
Une première réunion à ce sujet a eu lieu cette semaine au ministère, parce que les mutations provoquent beaucoup d’insatisfaction. Dans le secondaire, presque six professeurs sur dix se sont vus refuser leur demande cette année. Dans le primaire, le chiffre atteint plus de sept sur dix.
"Ils ne restent plus", constate Élisabeth Borne
"Nous devons aussi travailler sur les modalités d’affectation des jeunes enseignants, en évitant, autant que possible, d’imposer deux mutations : une fois pour leur année de stage, puis une nouvelle fois après leur titularisation", a assuré la ministre Élisabeth Borne dans les colonnes du Monde le 29 mars dernier.
"Pendant des années, on s'est dit: 'On place nos enseignants dans des situations de mauvaise conciliation entre vie personnelle et vie professionnelle, mais ils restent quand même'. Sauf qu’à un moment, ils ne restent plus", a-t-elle également développé auprès de nos confrères.
"Ça commence à faire beaucoup”
Ce qui fait dire à la Cour des comptes que "ce système de mutation rigide peut décourager des enseignants et futurs enseignants”. Thierry Pajot, du syndicat des directeurs d’écoles, fait savoir à RMC qu'une de ses collègues dans les Alpes-Maritimes demande depuis deux ans, sans succès, à rejoindre son mari malade, qui est traité à Montpellier.
Résultat, certains démissionnent ou préfèrent rester contractuels. “Et puis, il y a les départements prison”, explique-t-il. Cette année, 1.546 enseignants du primaire ont demandé à sortir de Seine-Saint-Denis alors que seulement 25 ont demandé à y entrer.
“Déjà qu’on est payé au lance-pierre, si en plus, on ne peut pas vivre où on veut, ça commence à faire beaucoup”, peste un enseignant du syndicat SNALC.
"Mais la grande qualité de ce système, c’est qu’il y a des enseignants répartis dans toute la France", concède le syndicaliste. Le ministère a donc proposé plusieurs scénarios pour améliorer le taux de mutation, mais il n’y a pas de solutions miracles. Ce qu’il faut, c’est plus de candidats aux concours. Mais comme ils démarrent en général leur carrière là où personne ne veut aller, certains renoncent. C’est le serpent qui se mord la queue.