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Plus de 75.000 jeunes décrochent chaque année et quittent le système scolaire sans diplôme

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Chaque année, plus de 75.000 jeunes quittent le système scolaire sans diplôme en France. Un nouveau rapport de la fondation Apprentis d’Auteuil, révélé par RMC, alerte sur un décrochage de plus en plus précoce, parfois dès l’école primaire.

Plus de 75.000 jeunes "décrochent" chaque année en France et quittent le système scolaire sans diplôme. C'est ce que pointe le nouveau rapport Apprentis d'Auteuil sur le décrochage scolaire, révélé par RMC ce lundi.

Un décrochage scolaire qui intervient de plus en plus tôt chez les lycéens, mais les plus jeunes ne sont pas épargnés: le décrochage scolaire peut survenir dès l’école primaire, alerte la fondation. Des enfants passifs, qui ne s'impliquent pas dans l'apprentissage, qui ont du mal à comprendre ce qui se passe en classe ou à trouver leur place auprès des camarades, sont les premiers signaux du décrochage.

La Fondation met en avant le surcoût que génèrent ces décrochages: 340.000 euros par élève. Le décrochage scolaire a décru ces dernières années. En 2023, 7,6% des 18-24 ans sont en dehors du système scolaire, contre 11% en 2006.

Dès enfants qui "décrochent" dès la Grande-Section

L'école Pier Giorgio Frassati des Apprentis d'Auteuil, dans les Yvelines, tente de lutter contre ce décrochage précoce par des pédagogies alternatives. Dans cette classe d'une petite dizaine d'élèves, c'est Hippolyte le plus jeune: “j'ai 9 ans et j’ai des difficultés d’attention, ici, je peux faire du rattrapage”.

Nathan, lui est dans cette école depuis un an. Il a repris goût à faire ses devoirs: “j’aime bien les multiplications, les divisions, les problèmes de maths…” Précarité, harcèlement, instabilité familiale… Plusieurs raisons expliquent le décrochage scolaire, mais l’usage des écrans est un facteur aggravant chez les jeunes. “J'utilise mon téléphone, je vais sur TikTok et j’ai du mal à me concentrer après parce que j’ai envie de retourner sur l’application”, poursuit Nathan.

Thierry Blombou, enseignant et directeur adjoint de cette école des Apprentis d'Auteuil depuis 15 ans, confirme que les élèves qui dérochent sont de plus en plus jeunes: “on accueille des enfants qui sont en Grande Section aujourd'hui, ce qu’on ne faisait pas avant. On descend encore d’une tranche d’âge”. Pour proposer des apprentissages concrets, il envisage de créer une classe thématique autour de la ferme.

Soucis personnels, santé mentale, stress des notes...

Selon Alyette de Béru, porte-parole de la fondation des Apprentis d'Auteuil, le décrochage scolaire dépend de plusieurs facteurs qui se cumulent et touchent tous les jeunes, indépendamment de leur milieu social. “Ça peut être lié à la précarité. Qu’on soit un jeune enfant ou un adolescent, il est difficile d’apprendre quand on n’a pas de quoi se vêtir ou se nourrir”, explique-t-elle.

“Ça peut être aussi lié à des soucis personnels, à cause d’un événement familial ou d’un déménagement par exemple. Ça vient percuter la trajectoire scolaire du jeune. Le stress scolaire lié à l’évaluation ou à l’orientation, la santé mentale, etc.” Avant de conclure: “On observe des enfants en difficulté émotionnelle dans notre établissement et beaucoup d’observateurs font également ce constat”.

Cassandre Braud avec C.A