Projet de loi contre le séparatisme: débat autour de l'obligation de scolariser son enfant dans une école dès 3 ans

C’est demain que le projet de loi contre le séparatisme rebaptisé loi "confortant les principes républicains" doit être présenté en Conseil des ministres. L’une de ses mesures phare fait beaucoup parler: l’obligation pour tous les parents de scolariser leur enfant dans une école dès l’âge de 3 ans. Cette mesure devrait néanmoins évoluer sous la pression du conseil d’Etat et se transformer en une instruction à domicile plus strictement encadrée.
En France, c’est l’instruction qui est obligatoire à partir de 3 ans, pas la scolarisation. Selon les tous derniers chiffres de l’Éducation nationale, il y a 60.000 enfants qui font l'école à la maison, c’est à peine 0,4% du total des élèves en France.
Un chiffre qui a progressé ces dernières années, ils n’étaient que 36.000 en 2018. Il y a en plus des enfants dans des écoles dites “hors contrat”, qui ne sont pas contraintes par le programme scolaire officiel et ne reçoivent pas d’argent public. 85 000 enfants se trouvent dans ces écoles, pour les deux tiers dans des écoles aux pédagogies alternatives type Montessori. Le tiers restant est constitué d’écoles confessionnelles, majoritairement catholiques. Les écoles musulmanes sont peu représentées, mais leurs effectifs ont presque doublé en 3 ans, elles accueillent 9000 élèves.
Sait-on quelles raisons poussent les parents à enlever leurs enfants des écoles classiques?
Les raisons sont très diverses. En majorité, elles tiennent à la santé de l’enfant. Mais il y a aussi des motivations pédagogiques ou alors l’école est trop éloignée, ou bien les familles voyagent souvent, il y a aussi des enfants qui souffrent de phobie scolaire ou de harcèlement. Selon un collectif de parents militant pour l’école à la maison, 75% des familles vivent dans des petites villes ou villages, les deux tiers des enfants concernés sont à l’école élémentaire. En revanche, il est très difficile de savoir combien de familles font ce choix pour des raisons religieuses.
Pourtant, la crainte du gouvernement, c’est que certains de ses enfants ne soient endoctrinés dans des écoles clandestines à l’enseignement religieux radical.
Le gouvernement estime que 4000 à 5000 enfants seraient menacés par des dérives sectaires ou du radicalisme religieux. Des enfants censés être scolarisés à domicile et qui se retrouveraient dans des écoles non déclarées. Impossible de vérifier ces chiffres. Depuis deux ans, quatre écoles clandestines et hors contrat ont été fermées, une dizaine d’établissements sont actuellement sous surveillance.