"Quand ça dépasse un certain niveau ça nécessite une réponse plus marquée": le portable d'un adolescent saisi après des menaces de mort sur les réseaux
Dans la Somme, un collégien de 13 ans s'est vu confisquer son téléphone après avoir proféré sur les réseaux sociaux des menaces de mort à caractère homophobe à l'encontre de l'un de ses camarades. Une décision de justice, assez rare, qui vise à lutter plus efficacement contre le cyber-harcèlement. Car les tensions peuvent vite monter sur les réseaux sociaux une fois après la sonnerie de la fin des cours comme en témoigne Eden, collégienne de 13 ans: "Il y a du monde qui s'insulte sur Internet puisqu'on sait qu'on ne craint rien sur le moment, alors certains en profitent".
Alors pour elle que la justice s'en mêle et confisque un téléphone portable, ça n'a rien de choquant: "Après c'est vrai que c'est une bonne idée pour peut-être qu'il réfléchisse à ce qu'il a fait. Je pense que ça peut faire réagir d'autres collégiens".
"Je cherche à en faire une application plus systématique"
Confisquer pour éviter que ces faits graves se reproduisent et surtout pour envoyer un message pédagogique aux adolescents : il n'y a pas d'impunité, même quand on est chez soi, derrière son téléphone assure Alexandre de Bosschère, le procureur du tribunal d'Amiens:
"On n'a pas vocation à se saisir de tout. C'est quand ça dépasse un certain niveau, quand on a le sentiment que cela nécessite une réponse plus marquée. Je cherche à en faire une application plus systématique compte tenu de l'augmentation de la proportion de l'utilisation de ces téléphones".
"Les parents sont tellement débordés que toute aide est bonne à prendre"
Un soutien bienvenu pour les directeurs d'établissement, comme Didier Georges, directeur d'un collège à Paris. Les encadrants n'arrivent pas toujours à contenir ces dérives, aux conséquences parfois très graves: "Très souvent on a des élèves le matin qui viennent nous expliquer qu'il va y avoir une embrouille parce que tel ou tel élève s'est moqué d'un autre. Ça on ne le maîtrise pas, cela prend tellement d'ampleur et les parents sont tellement débordés que toute aide est bonne à prendre".
Et justement, pour le procureur d'Amiens cette mesure vise aussi à sensibiliser les parents, parfois impuissants et dépassés par les technologies comme l'explique la présidente de l'association E-Enfance, Justine Atlan: "Les parents n'ont pas de repères, ils ne savent pas si c'est normal qu'un enfant fasse ça. Ils ne savent pas s'ils vont stigmatiser leur enfant s'il lui retire son portable ou s'il n'est plus sur les réseaux sociaux et ils ont l'impression d'être totalement illégitime pour le faire". En plus de la confiscation du téléphone, les jeunes sanctionnés pour des faits de harcèlement devront écrire un courrier d'excuse à leur victime.
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