RMC
Éducation

“Une solution gadget”: faut-il installer la vidéoprotection dans les établissements scolaires?

placeholder video
Un rapport, remis au gouvernement sur les mineurs et les armes blanches, préconise de déployer la vidéoprotection à l'entrée des établissements scolaires. Bonne ou mauvaise idée?

Le rapport de la mission "Mineurs-Armes blanches" a été rendu au Premier ministre François Bayrou mercredi 28 mai. Le chef du gouvernement avait lancé cette mission après l'attaque au couteau commise au lycée Notre-Dame de Toutes-Aides de Nantes le 24 avril dernier. Une adolescente de 15 ans avait été mortellement poignardée par un camarade de 16 ans.

Selon ce rapport, les mineurs de 13 à 17 ans représentaient l'an dernier 31% des auteurs présumés de vols avec armes. Et les couteaux sont impliqués dans 57% des homicides commis par des mineurs.

"Inscrire dans la loi le déploiement obligatoire de la vidéoprotection à l'entrée des établissements", c'est l'une des propositions qui figurent dans le rapport. Alors l'installation de caméras peut-elle aider à endiguer le problème? Les personnels des établissements et parents d'élèves en doutent.

"Ca peut dissuader, mais ça ne va pas traiter le fond du problème”

Installer des caméras à l’entrée d’un lycée ou d’un collège, Maxime Reppert, enseignant et vice-président du Snalc (Syndicat national des écoles collèges et lycées), n’est pas hostile: “effectivement, on va pouvoir voir ce qu’il se passe”. Mais cela ne va pas empêcher le comportement violent des élèves qui agissent, selon lui, en toute impunité.

“On ne sait pas ce que les élèves ont dans leur sac. Et personne ne peut fouiller le sac d’un élève. La vidéoprotection, ça peut dissuader, mais ça ne va pas traiter le fond du problème”, poursuit-il.

Une solution “gadget”, pour Gérard Heinz, proviseur dans un lycée et membre du syndicat SNPDEN-Unsa, car les armes blanches ne passent pas forcément par l’entrée mais à “travers un grillage parfois”. Ainsi, la vidéosurveillance questionne plus qu’elle n’apporte de réponse: “qu’est-ce qu’on fait des enregistrements? Combien de temps, on les garde? Et qui va concrètement être derrière la caméra?” demande Gérard Heinz.

Surtout que du personnel, il en manque déjà, regrette Grégoire Ensel, vice-président de la FCPE, association de parents d’élèves. “Nous n’avons plus suffisamment d’infirmière, quand il y a des soucis de santé mentale, les jeunes manquent d’interlocuteur. C’est comme ça qu’il y a des drames”, explique-t-il. La vice-présidente de l’Assemblée nationale propose aussi dans son rapport d’augmenter la disponibilité d'une expertise psychiatrique.

Amélie Courtet