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Violences envers les profs: Aurélien témoigne de son calvaire sur RMC

La vidéo montrant une professeure en train de se faire braquer par son élève a choqué beaucoup de monde et incité de nombreux collègues à témoigner de leur vécu face à des élèves parfois très violents via les réseaux sociaux et le "#PasDeVague". Aurélien, ancien prof d'histoire, raconte qu'il n'a pas tenu longtemps face à l'hostilité de certains élèves.

La parole se libère. Après la vidéo choc d'une professeure braquée par un lycéen à Créteil, les profs brisent le silence. Derrière le hashtag #PasDeVague sur Twitter il y a des centaines de témoignages qui affluent. Les enseignants dénoncent l'absence de réactions face aux violences qu'ils subissent.

Certains ironisent même sur les mesures proposées par le ministre de l'Education, qui a évoqué des caméras de vidéosurveillance ou des portiques de sécurité. Un "comité stratégique" doit se réunir cette semaine pour plancher sur une série de mesures.

"Il m'a insulté gratuitement et m'a jeté la table dessus"

Il y a deux ans, Aurélien, professeur stagiaire d'Histoire-Géographie se retrouve propulsé dans une classe de seconde difficile d'un lycée de la Somme. Très vite un élève va lui mener une vie d'enfer.

"Lors d'un cours au tout début de l'année, il s'est levé, il m'a insulté gratuitement, violemment et a jeté la table envers moi et est parti en claquant la porte et en m'insultant encore."

Aurélien prévient alors sa hiérarchie. Mais la réaction du proviseur va un peu plus l'isoler.

"Il a fait comprendre que j'étais un professeur stagiaire, donc je me suis retrouvé après avec une classe qui avait le sentiment de toute impunité et je ne me suis pas du tout senti soutenu par ma hiérarchie."

"On est culpabilisé par le proviseur, par l'inspecteur alors qu'on vient de commencer"

Cet incident lui a coûté sa carrière. Aurélien a quitté l'Education Nationale. Alors quand il a vu le hashtag #PasdeVague sur Twitter, ce fut un déclic.

"Je me suis dit que j'étais pas seul. Le "pas de vague", c'est vraiment ça que j'ai ressenti, c'est à dire qu'on est culpabilisé par le proviseur, par l'inspecteur alors qu'on vient de commencer. Je me sentais fautif vis-à-vis du comportement de mes élèves. J'ai mis du temps à comprendre qu'on m'a mis la tête sous l'eau et que je n'étais pas fautif."

"J'ai été licencié"

Il en a perdu sa foi en l'éducation et a perdu son travail.

"J'ai été licencié. Le jour de l'inspection, l'inspecteur a insisté sur le fait que l'autorité n'avait pas lieu dans la classe. Je l'ai pris contre moi, j'ai perdu pied pendant l'entretien. L'inspecteur n'a pas eu confiance en moi et ensuite j'ai eu dix minutes seulement pour défendre mes convictions devant une commission."

Pour remédier aux soucis dans les établissements, le gouvernement promet un "plan d'actions ambitieux contre les violences visant les enseignants". Et ainsi ne pas décourager 

Sophie Paolini (avec J.A.)