Elisabeth Borne songe à "dégenrer" la devise du Panthéon et fait polémique: "Elle n'a que ça à faire?"

Élisabeth Borne, la ministre de l'Éducation nationale, veut ouvrir un débat sur la possibilité de changer la devise sur le fronton du Panthéon: "Aux Grands Hommes, la Patrie reconnaissante". Avec cette devise, les petites filles "ne voient pas la société reconnaître pleinement la place des femmes dans leur histoire", selon la ministre.
Ce fronton, Margaux passe devant presque tous les jours. Pour cette étudiante en droit, la ministre a raison de vouloir lancer ce débat.
“C’est une bonne idée. Seulement parler d’hommes peut paraître un peu obsolète aujourd’hui. Pourquoi ne pas parler d’humain plus généralement”, indique-t-elle.
"Elle n'a que ça à faire?"
En suggérant de changer cette devise, la ministre veut reconnaître pleinement la place des femmes dans l'histoire. Mais ce n'est pas le plus efficace pour Bertille. “C’est peut-être plus dans les faits, que plus de femmes soient représentées à l’intérieur qui changerait peut-être la donne”, souligne-t-elle.
De son côté, le député RN, Laurent Jacobelli ne veut même pas entendre parler de ce débat.
"Elle n'a que ça à faire? Au moment où le niveau des élèves décroît, où dans un lycée sur 20 on trouve des armes dans les sacs, que des gamins se font agresser par d'autres, les juifs notamment, elle n'a que ca à faire, que du wokisme? Je lui propose de prendre une place dans le même train que monsieur Bayrou pour aller à Pau prendre de grandes vacances. Qu'est-ce que c'est que ces âneries ?", s'est-il indigné sur RMC-BFMTV ce jeudi matin.
Une féminisation de l'espace public trop légère?
Sous le fronton majestueux, Simon semble également ne pas sentir le besoin de changer quoi que ce soit. “Moi, j’adore le Panthéon, tel qu’il est”, appuie-t-il. “Le fronton est historique et d’une année à l’autre, il va changer complètement ? C’est choquant pour les gens”, juge-t-il.
Pour Violaine de Filippis-Abate, avocate et fondatrice de l'association "Action juridique féministe", il faut bien changer le fronton. Mais selon elle, il faut aller encore plus loin sur la féminisation de l'espace public.
“On devrait penser à l’espace public aussi en dehors de Paris et donc au nom des rues et à ce qui fait le quotidien des Françaises et Français, qui ne se limite pas au 5e arrondissement de Paris”, pointe-t-elle.
Selon le dernier décompte réalisé par Ouest France, seulement 13% des rues portent des noms de femmes en France.
Une devise qui a évoluée dans l'histoire - Tantôt aux mains de l’Église puis aux mains de l’État, le Panthéon a été construit en 1790. Il a été longtemps tiraillé entre son statut religieux et laïc, dont les changements répétés de devises ont été le témoin. La devise daterait de 1793 afin d'illustrer les idéaux révolutionnaires. Cette formule est pourtant de nouveau remplacée par une autre évoquant, cette fois, la sainte patronne Geneviève et les rois Louis XV et Louis XVIII lorsque l'édifice est rendu au culte en 1823. C'est finalement le fameux "Aux Grands Hommes la Patrie reconnaissante" qui s'imposera durablement à partir de 1885 lors de l'inhumation de Victor Hugo qui donne au Panthéon son statut laïc définitif.