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Faut-il donner plus de noms de femmes aux rues? Ça va "faire évaluer les mentalités"

Les chroniqueurs d'Estelle Midi ont débattu sur la féminisation des noms de rue.

Les chroniqueurs d'Estelle Midi ont débattu sur la féminisation des noms de rue. - RMC

Les rues françaises portent très peu de noms de femmes selon l'ONG Soroptimist. Pour les chroniqueurs d'Estelle Midi, féminiser l'espace urbain permettrait notamment de faire évoluer les mentalités.

En France, seuls 5 à 6% des rues portent des noms de femmes. Ce chiffre, rapporté par un décompte opéré par l'ONG Soroptimist, a doublé depuis 10 ans. De nombreuses communes se sont emparés de ce sujet en rebaptisant des voies et en priorisant des noms de femmes lors de l'inauguration de nouvelles rues.

La capitale, Paris, est en tête de cette tendance. La proportion de rues avec des noms de femmes est passée de 6 % en 2001 à 15 % en 2024. Plus de 300 rues y portent le nom d’une femme aujourd’hui, mais c'est encore loin des 4.000 ayant un nom d'hommes. À La Ville-aux-Dames, en Indre-et-Loire, la municipalité a adopté une politique unique en France: toutes ses rues portent des noms de femmes depuis plus de 40 ans.

Malgré ce progrès, ce n'est pas suffisant selon Elise Goldfarb au micro d'Estelle Midi: "Ça s'est amélioré ces dernières années, mais dans chaque ville on peut en ajouter."

"Il y a des femmes qui ont fait des choses exceptionelles et qui ne sont pas assez célébrées. On les a oubliées", complète-t-elle.

L'entrepreneure liste notamment les noms de "Beate Klarsfeld, qui est une grande chasseuse de nazis", "Alicie Milliat, créatrice des premiers Jeux olympiques féminins" ou encore Françoise Barré-Sinousse, prix Nobel pour la découverte du VIH".

Féminiser l'espace public

Le professeur d'histoire-géographie Benjamin Amar est lui aussi favorable à l'idée d'attribuer davantage de noms de femmes aux rues: "Ce qu'il faut faire évoluer ce sont les mentalités, et forcément, ce n'est pas déconnant de se dire que si on féminise l'espace urbain dans lequel les gens vivent, ça va jouer en faveur de l'évolution des mentalités."

"Les hommes ont dominé l'histoire par la force des choses. C'était une domination patriarcale. Mais pour que ça évolue, il faut tâcher de faire du volontarisme. Moi ça ne me choque pas du tout, je trouve ça tout à fait logique", ajoute-t-il.

Même s'il juge cette démarche "normale", Fred Hermel a, lui, "du mal avec la discrimination positive". "C'est normal, mais qu'il y ait un sens derrière. Il ne faut pas mettre des noms de femmes juste parce que ce sont des femmes", nuance-t-il.

À l’heure actuelle, selon Soroptimist, c’est Jeanne d’Arc qui est le nom le plus représenté avec au moins 49 rues. Derrière elle, on retrouve l’aviatrice Hélène Boucher (39) et la romancière George Sand (37).

TRC