Emmanuel Macron opposé à l'accord avec le Mercosur: les agriculteurs rassurés?

La France ne signera pas le traité de libre-échange entre l'Union européenne et le Mercosur "en l'état". C'est en tout cas ce qu'a affirmé dimanche le président Emmanuel Macron à Buenos Aires, en Argentine, disant vouloir "rassurer les agriculteurs" et "continuer" de s'y opposer alors que le mouvement des agriculteurs a débuté.
"La France s'oppose à cet accord. Et je vais vous dire: le président (Javier) Milei m'a dit lui-même qu'il n'était pas satisfait de ce texte", a déclaré le président, à l'issue d'une visite en Argentine au cours de laquelle il s'est entretenu à deux reprises avec son homologue argentin, avant de s’envoler pour le Brésil où se tient le G20.
Les mots du président vont dans le bon sens pour les agriculteurs du Lot-et-Garonne, qui avaient réussi malgré les barrages à rouler jusqu'au marché de Rungis l'hiver dernier avec leur chef de file José Pérez.
“Bien évidemment que ça nous rassure qu’il s’y oppose, au Mercosur. Il faut que ce soit balayé une bonne fois pour toutes”, estime-t-il.
Rassurés donc, mais juste un peu, car la suppression de cet accord est loin d'être la principale revendication de ces fermiers qui peinent à vivre de leur travail. Et la déclaration du président de la République ne dissipe pas leurs doutes, indique Frédéric Arnoult, mobilisé en ce moment près de Paris. “La décision ne se prend pas au niveau français mais au niveau européen. Moi, je suis comme Saint-Thomas, je ne crois que ce que je vois”, appuie-t-il.
Une remise en cause totale de l'accord impossible?
Et cette méfiance des paysans est légitime, souligne l'économiste Christian Saint-Etienne, car le président n'est pas en position de force.
“Il peut trouver des alliés pour avoir une amélioration des règles environnementales ou des règles sanitaires. Mais pour une remise en cause de l’accord, il n’aura pas d’allié. Donc on peut améliorer le traité, mais on ne peut pas le bloquer”, pointe-t-il.
Christian Saint-Etienne pense que la France peut raisonnablement arracher des compensations financières pour ses éleveurs ou des contrôles aux frontières, pour vérifier que la viande sud-américaine ne soit pas du bœuf aux hormones interdit en Europe.