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Expliquez-nous: pourquoi les casseurs ont supplanté les gilets jaunes

Le premier anniversaire des "gilets jaunes", qui ambitionnaient de donner un second souffle à leur mouvement de contestation sociale, a été marqué samedi par le retour du chaos dans certains quartiers de la capitale.

Le premier anniversaire des "gilets jaunes" a été marqué ce week-end par des violences à Paris, mais aussi à Lyon, Nantes, ou Marseille où les casseurs ont supplanté les "gilets jaunes".

La raison? Les manifestants n’étaient pas assez nombreux. 28.000 dans toute la France, 4.700 à Paris d'après le ministère de l'Intérieur. A peine plus, 39.000 d'après le compteur des "gilets jaunes". C’est peu, c’est 10 fois moins que lors du premier samedi, il y a tout juste un an.

Et forcément, si on n'a pas d’effet de masse, pas d’images de marée de "gilets jaunes", il reste les images des casseurs, toujours impressionnantes. On retiendra à Paris, place d’Italie des pompiers caillassés, le mémorial pour l'armée d’Afrique et le maréchal Juin détruit, des policiers obligés de se réfugier dans une laverie automatique au milieu de clients. Des images que l’on retient d’autant plus qu’une des deux manifestations parisiennes a été interdite justement à cause de ces violences.

200 à 300 black blocs

Les casseurs n’étaient pas très nombreux non plus, beaucoup moins que le 1er mai 2018 lors des violences à la gare d'Austerlitz, par exemple. Samedi, on a parlé de 200 à 300 blacks blocs, c’est à dire des militants d'extrême gauches organisés, équipés, habillés tout en noir et à peu près autant de ce que l’on appelle maintenant les "ultra jaunes", les "gilets jaunes" violents.

La violence restera une des caractéristiques de ce mouvement. Pourtant la grande majorité des 53 samedis du mouvement, se sont déroulés sans incidents majeurs, surtout depuis six mois. Mais le bilan des six premiers mois est terrible. 2.000 blessés parmi les forces de l’ordre et autant parmi les "gilets jaunes", des blessés graves. Aucun mouvement social en France n’avait été aussi dramatique humainement depuis plus de 50 ans.

Et c’est dès le début du mouvement qu’il a été marqué par les violences. On l’a peut-être oublié, mais les dégâts à l’Arc de Triomphe c’était seulement lors du troisième samedi, le 1er décembre dernier. Et 5 jours après, le gouvernement renonçait à la fameuse taxe carbone.

Cinq jours après encore le 10 décembre, Emmanuel Macron annonçait un plan à 10 milliards d’euros. Avec les heures supplémentaires sans impôt ni charges.

Un deuxième plan de 7 milliards

Au printemps rebelote. Un samedi de grandes violences sur les Champs-Elysées avec, entre autre le saccage du Fouquet's le 16 mars. Et en avril l’annonce d’un deuxième plan de 7 milliards et faveur des retraités et des bénéficiaires de la prime d’activité.

Les historiens retiendront certainement un mouvement de colère et de rage, venu des classes populaires, souvent violent mais qui aura forcé le gouvernement à faire de nombreuses concessions.

Mais le mouvement semble toucher à sa fin. Depuis l’été, les manifestants sont de moins en moins nombreux samedi après samedi. C'est assez logique après 53 samedis de suite, c’est déjà extrêmement long pour ce mouvement sans organisation et sans leader. Sauf que le 5 décembre commence un autre mouvement, contre la réforme des retraites. Et il y aura certainement des "gilets jaunes" au milieu des drapeaux rouges dans les défilés des syndicats.

Nicolas Poincaré