Gérald Darmanin ravive le débat des prénoms français: "On doit toujours prouver qu'on est intégrés"

La fin du discours de Gérald Darmanin lors de la passation de pouvoir avec le nouveau ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a été particulièrement commentée. Il a terminé sa prise de parole, ce lundi, en rappelant ses origines: "Si je m'étais appelé Moussa Darmanin (son deuxième prénom et prénom de son grand-père tirailleur algérien, ndlr), je n'aurais pas été élu maire et député et sans doute n'aurais-je pas été ministre de l'Intérieur", a-t-il estimé.
Nasser, auditeur RMC qui vit dans les Yvelines et travaille en tant que cadre dans l'aéronautique, venu en France "par choix", concède que son prénom et son nom de famille lui ont peut-être fermé des portes.
"Mon problème, ce n'est pas qu'il dise que son prénom l'aurait empêché de faire carrière. C'est le timing. Pourquoi le dire maintenant? D'autant que le problème n'est pas que dans le prénom, Darmanin ne sonne pas du tout algérien", note-t-il, avant d'évoquer son expérience personelle.
"Il y a trop de débats sur des choses futiles"
Avec un nom de famille à consonnance étrangère, il reconnaît que ses premiers mois en France ont été très difficiles, surtout pour sa recherche d'emploi. "Il y avait des personnes qui ne voulaient même pas me rencontrer à cause de mon origine. J'ai passé une quarantaine d'entretiens, comme tout le monde, c'est difficile de trouver un travail. Mais une personne en particulier m'a permis de faire la carrière que j'ai en me tendant la main."
"En France, il y a beaucoup de tolérance, mais il y a encore beaucoup, beaucoup trop de débats sur des choses futiles", insiste-t-il.
"Je ne ferai jamais le choix de changer mon nom ou mon prénom"
"Il faut à chaque fois prouver que l'on est intégrés", poursuit-il. "On s'étonne que je parle bien français. Dans un restaurant, il faut que je boive du vin. Il ne faut pas montrer ses origines, sa religion... Comment font-ils aux USA, en Grande Bretagne? Ici, on se démarque par ses origines et pas ses compétences", regrette-t-il.
"Je me sens Français tout autant qu'Algérien, mais je ne ferai jamais le choix de changer mon nom ou mon prénom. C'est mon héritage familial", défend-t-il.
Hasard ou signe du destin, après avoir essayé d'avoir un enfant pendant 5 ans avec sa femme, c'est au moment où elle a été naturalisée qu'ils ont finalement réussi, débarrassés d'un poids. "C'était magique. C'était vraiment un frein psychologique pour nous", analyse-t-il.