Guide de la religion en entreprise: "Je suis ouvert, tant que ça ne nuit pas au travail"

Des salariés dans un open-space. (Photo d'illustration) - Kenzo Tribouillard - AFP
Vincent*, responsable de magasin à Roubaix:
"Il n’y a rien qui me choque dans ce guide. C’est assez cohérent et logique, en général c'est du bon-sens. Par contre, je trouve ça normal que des menus soient différents. Même au restaurant, il y a des menus végétariens. Où est-ce que c’est embêtant d’avoir du poisson ou du poulet dans le menu? Je ne vois pas.
Dans mon magasin, nous sommes cinq au total: moi, ainsi que trois garçons et une fille de confession musulmane. Les garçons font la prière en journée dans la réserve. Je suis fumeur, je peux m'accorder cinq minutes pour fumer une cigarette. C’est la même chose pour eux, la prière leur prend cinq minutes.
En période de ramadan, ils ne prennent pas de pause déjeuner parce qu’ils ne mangent pas. Du coup, je les fais terminer une heure plus tôt. Ils n’ont rien qui fait référence à la religion dans la tenue vestimentaire, et aucun signe distinctif. Il y en a juste deux qui ont une barbe. Lors de la fête de l’Aïd, j’arrive plus tôt et je les fais commencer plus tard. C’est un peu leur Noël à eux. Ce n’est pas grand chose et au final ça crée une bonne ambiance dans l’équipe.
"J'ai fixé des limites"
Ils ne m’ont rien demandé, ça s’est fait naturellement, c’est de la tolérance. Je suis ouvert, tant que ça ne nuit pas au travail. Je donne beaucoup, et ils me le rendent dans leur travail, dans leur professionnalisme. Il y a des petits conflits, comme dans toute entreprise, mais ça n’a rien à voir avec la religion.
J’ai fixé des limites. Je ne veux pas qu’ils parlent en arabe avec les clients par exemple. Si les clients parlent en arabe, ils répondent en français. La religion s’exprime uniquement dans le cadre de la prière."
*Le prénom a été changé