RMC
Société

Hadès, Pomme, Mini Cooper: peut-on donner n'importe quel prénom à son enfant?

placeholder video
Certains parents très inspirés ont parfois des idées loufoques en terme de prénoms pour leurs enfants. Et dans certains cas, ils sont déboutés par la justice.

La justice veille sur les prénoms. Le parquet de Saint-Malo a interdit à des parents d'appeler leur enfant Hadès. C'est l'officier d'état civil de la ville d'Ille-et-Vilaine qui a décidé d'en référer au procureur de la République qui a convoqué les parents. Pour la justice, le prénom est "contraire aux intérêts de l'enfant puisque faisant incontestablement référence au dieu des enfers et des morts dans la mythologie grecque".

Une décision incompréhensible pour les parents qui souhaitaient simplement donner un prénom original à leur enfant et qui notent que le patronyme a déjà été donné 12 fois en France, juste en 2020, et sans provoquer d'interdiction.

Xavier, ouvrier dans les Alpes-Maritimes, raconte lui avoir du mal pour faire accepter le nom de sa fille Athéna: "Il y a 34 ans, je me suis retrouvé à l'état civil devant une vieille grenouillère de bénitier et ça a été compliqué", explique-t-il dans "Estelle Midi" sur RMC et RMC Story. "Nous avons été obligés d'écrire au procureur de la République qui a émis un avis et qui nous a permis de retourner à l'état civil pour donner le nom Athéna à ma fille", explique-t-il.

"Que ce soit une fille ou un garçon, j’ai toujours dit qu’il s’appellerait 'Brooklyn'", raconte de son côté Christelle. "Mais ça a été très compliqué quand j’ai accouché en 2002. A l’hôpital, déjà, ils trouvaient ça bizarre. Puis j’ai donné comme deuxième prénom 'Player' et là aussi ça a été difficile mais ça a fini par passer", ajoute-t-elle.

"On peut donner n'importe quel prénom"

"Avant une loi de 1993, c'est l'officier d'état civil qui pouvait refuser directement les prénoms", rappelle sur le plateau d'"Estelle Midi" François Bonifaix, psychanaliste et auteur de "Le Traumatisme du prénom". "Depuis, on peut donner n'importe quel prénom et c'est l'officier d'état civil qui saisit le procureur qui décidera si le prénom peut porter préjudice ou pas", précise-t-il.

"On peut donner n'importe quel prénom, tout dépend des raisons du choix. L'enfant, il est porteur d'un projet des parents. Si on donne le prénom 'Seth', qu'elle en est la raison? Est-ce parce que c'est le Dieu de la violence et de la mort dans l'Egypte antique? Parce que c'est un prénom hébreu? Parce que c'est le prénom d'un prophète musulman? Ce sont sur ces raisons qu'il faut s'interroger", explique le psychanalyste.

En Islande et au Portugal, des listes officielles de prénoms

Il précise que le texte de loi évoque des prénoms qui ne doivent pas être connotés négativement dans l'histoire, comme Adolf ou Benito, interdits d'office en France. Pour le reste, presque tout peut-être donné avec quelques cas particuliers: "Il y a des paradoxes. Vous pouvez appeler votre fille Fraise ou Framboise mais Pomme, cela ne passe pas. Certains juges ont considéré que 'pomme' était une insulte" raconte-t-il.

Avant Seth, d'autres prénoms comme Titeuf, Babord et Tribord, Nutella, Prince William ou Mini Cooper ont été interdits, contrairement à Kalessy, Aaliyah, Lisbonne, Miel ou encore Pape, validés par des officiers d'état civil. Pour éviter de telles décisions arbitraires, certains pays comme l'Islande ou le Portugal ont établi des listes officielles de prénoms existant. Les parents doivent ensuite piocher dedans pour donner un prénom à leur enfant.

G.D.