Hausse inquiétante des noyades: "C'est absolument traumatisant"

Une hausse inquiétante. Entre le 1er juin et le 2 juillet, 429 noyades ont été recensées en France, et 109 personnes sont mortes noyées, selon Santé Publique France. Des chiffres en "très forte augmentation", de 95% par rapport à la même période l'an dernier.
Ces noyades qui ont principalement lieu dans des plans d'eau. "C'est catastrophique. Ce sont des drames humains", regrette, sur RMC, Alex Lamotte, responsable au sein de la Fédération française des maîtres-nageurs.
"Quand on a un camarade qui se noie sous nos yeux, on ne peut rien faire et c'est absolument traumatisant", souligne-t-il.
La hausse des noyades est particulièrement forte chez les enfants âgés de 0 à 5 ans (+155%) et ceux de 6 à 12 ans (+153%). L'année dernière, Chloé a vécu cette situation, en étant témoin d'une noyade: "Ils ont fait évacuer tout le monde parce qu'il y a un enfant qu'ils ne retrouvaient plus. Ils l'ont cherché et retrouvé, je crois qu'il était décédé."
Les parents, premiers remparts
Depuis, cette mère de deux enfants redouble de vigilance. "Ma fille a toujours ses brassards et elle est toujours accompagnée. Sachant qu'elle peut mettre la tête sous l'eau, se faire aspirer. Il y a souvent des groupes autour, et un mouvement de foule ça peut la faire paniquer", explique Chloé, qui ne laisse jamais sa fille toute seule.
Comme Chloé, Juliana, qui a trois enfants sous sa responsabilité, ne les lâche pas d'une semelle: "Quand ils sont dans l'eau, je suis avec eux dans l'eau. Ils savent nager, mais je suis quand même à proximité."
Des réflexes que Jérôme Perez, responsable du secteur secours-prévention sur l'île de loisirs de Cergy-Pontoise, rappelle, sans cesse, aux parents. "On axe beaucoup notre action sur la prévention", assure-t-il.
"Si on tient à nos enfants, on ne les quitte pas des yeux", répète Jérôme Perez.
Ce dernier insiste vraiment sur l'importance de "la surveillance", qui n'est souvent pas assez prise au sérieux. "Quand l'adulte est dans l'eau, il n'est pas distrait par son téléphone. La surveillance est une technique. Quand on est sur le bord, on est vite distrait parce qu'on ne peut pas être attentif en permanence", explique, au micro d'Anais Matin, Alex Lamotte de la Fédération française des maîtres-nageurs.
L'inaction des pouvoirs publics
Alex Lamotte espère que ces chiffres vont enfin faire bouger les choses. Le maître-nageur estime que les pouvoirs publics ne se sont jamais assez saisis de ce problème: "Nous avons mis en place il y a 17 ans les journées nationales de prévention de la noyade, dans l'indifférence des services publics hélas. Ça aurait pu sauver quelques vies tous les ans."
Un plan d'apprentissage de la natation, "qui passait par un plan d'urgence de formation de maîtres-nageurs", avait été mis en place, après des demandes répétées de la Fédération. Mais "ce n'est absolument pas suffisant", se désole Alex Lamotte.
"Il y a une vraie politique publique gratuite d'apprentissage de la nage qu'il faudrait mettre en place", soulignet-il.
Pour éviter la noyade, Alex Lamotte rappelle les bons gestes à adopter, "toujours nager à deux dans des zones surveillés", se rafraîchir progressivement avant d'entrer dans l'eau et ne pas se baigner après un repas copieux ou une consommation d'alcool.