Hollande/Sarkozy: Une polémique qui n'aurait jamais dû exister

Christophe Jakubyszyn. - -
Tout est à la fois choquant et insignifiant dans ce qui s'est passé autour de ces propos "off" de François Hollande. Choquante et insignifiante, la déformation des propos d'Hollande par un journaliste du Parisien, qui racontait hier matin que François Hollande considérait Nicolas Sarkozy comme un "sale mec". Or grâce aux journalistes qui participaient à un déjeuner autour du candidat socialiste, on a reconstitué les propos exacts de François Hollande. En fait, il se mettait à la place de Nicolas Sarkozy, il imaginait un discours aux Français disant: "je suis le président de l'échec, je suis un sale mec mais dans cette période difficile, je suis le seul capable, j'ai le courage..." . Bref: le capitaine courage recherchant la popularité. Alors évidemment, quand on grille le "off", ce que je considère parfois comme nécessaire quand il s'agit de donner une information importante, on doit le faire avec la plus grande exactitude. Parce que sinon, vous n'êtes plus journaliste, vous devenez un acteur de l'actualité vous créez un faux évènement et une cascade de réactions qui n'auraient jamais dû exister, comme hier.
L'UMP s'engouffre dans la brèche
On a tout eu: "abject", "intolérabl", "indigne"... Tous les adjectifs ont été utilisés à droite pour dénoncer la vraie-fausse insulte de François Hollande. Nadine Morano réclame des excuses publiques du candidat socialiste. Pas d'insulte personnelle, la droite a raison: c'est une bonne règle. N'est-ce pas M.Christian Estrosi... "M.Hollande a démontré qu'il n'était pas au niveau, que c'était un petit. Vous savez, il y a eu François le grand, il ne sera même pas François le petit". Pas plus tard que lundi matin sur RMC, Michel Sapin, chargé du programme de François Hollande s'en était pris lui, directement au chef de l'Etat: "c'est tout le problème de Nicolas Sarkozy, de la parole, de la parole, grand causeux, petit faiseux". Tout ça pour dire ce matin: stop aux politiques !
Que la droite balaie devant sa porte
Que les propos de François Hollande aient été indirects, qu'il ait imité le chef de l'Etat, que la droite en ait fait trop, j'ai envie de les renvoyer dos-à-dos ce matin. La droite donne des leçons à la gauche ? Que Nicolas Sarkozy se souvienne de ce qu'il disait "off" en 2004 sur la passion de Jacques Chirac pour le sumo: "comment peut-on être fasciné par ces combats de types obèses à chignons gominés?" avant d'ajouter: "ce n'est pas vraiment un sport d'intellectuel, le sumo". La gauche se défend de s'en prendre aux personnes ? Qu'elle se souvienne de Lionel Jospin décrivant Jacques Chirac en Mars 2002 à un mois de la présidentielle dans un avion avec des journalistes: "Chirac est vieilli, usé, fatigué". Franchement, je pense que les Français attendent autre chose de ce débat présidentiel. Le seul point positif de cette première polémique de campagne, c'est qu'elle vient suffisamment tôt pour que les politiques ne se laissent plus aller à ce jeu de petites phrases qui ne servent ni les politiques ni les journalistes... et surtout pas les Français.
Écoutez la chronique de Christophe Jakubyszyn, "Les coulisses de la politique" du Jeudi 5 Janvier à 7h20.