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"Il arrive en fin de vie": une victime de l'amiante peine à se faire indemniser malgré ses démarches

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Touché par plusieurs cancers que ses médecins attribuent à l'amiante, Hubert (86 ans) tente tant bien que mal de se faire indemniser par le fonds d'indemnisation des victimes de l'amiante. Mais deux ans après, toujours rien.

Hubert a 86 ans. Et il a manipulé de l’amiante toute sa vie. Il fabriquait des plaques de fibrociment dans une usine. En 2003, il développe un premier cancer. Sa gorge est touchée. Puis en 2016, les poumons, même si Hubert n’a jamais fumé. Pour son pneumologue, il n’y a aucun doute, son IRM montre des plaques pleurales, l’un des principaux indicateurs des maladies de l’amiante

L’urgence, c’est de trouver un protocole de soins adapté. Une fois stabilisé, Hubert et sa famille se décident à déposer un dossier au FIVA, le Fonds d’indemnisation des victimes de l’amiante. C’était il y a deux ans, il n’a toujours pas touché un centime, mais depuis, son cancer s’est généralisé.

Xavier, son fils, s’occupe de lui: "Pour mon papa, c'est un peu son bâton de maréchal. Il a été reconnu en maladie professionnelle et il attend son argent. Il a travaillé et a été empoisonné. Il a eu un premier cancer du poumon gauche dû à l'amiante, après des métastases sur le poumon droit et là il arrive en fin de vie", raconte-t-il à RMC.

"Ça reste un ouvrier avec une petite retraite, il veut faire ses derniers instants tranquille sans ne penser plus à rien. C'est une reconnaissance pour un empoisonnement indirect", ajoute Xavier.

Pourquoi l'indemnisation tarde?

Tous les trois mois, l’organisme public demande à la famille d'Hubert de fournir encore et toujours les mêmes documents. Ils sont à bout de nerfs.

Le FIVA existe depuis 20 ans. C’est un établissement public chargé d’évaluer les conséquences physiques, psychologiques et économiques de la maladie sur les victimes de l’amiante et de réparer le préjudice en proposant une offre d’indemnisation. Le délai de traitement des dossiers est réglementé: six mois maximum.

Dans le cas d’Hubert, il est très largement dépassé. RMC a donc demandé des comptes au FIVA. Il nous explique que son dossier est recevable mais qu’il nécessitait "un approfondissement sur le volet médical". De deux ans donc…

L'organisme assure que désormais, toutes les pièces sont réunies et qu'Hubert recevra une offre d’indemnisation dans les prochaines semaines, sans donner de délais plus précis.

1.000 autres dossiers en cours

D'autres victimes demandent réparation: 1.000 dossiers sont actuellement en cours d’analyse par le fonds d’indemnisation, qui nous certifie que le délai moyen de traitement est de cinq mois et demi, dans les règles donc.

Mais le FIVA a aussi conscience qu’il doit faire plus et mieux. Et il y travaille. Avant la fin de l’année, les dossiers pourront être déposés en ligne par exemple et le site internet sera totalement repensé, afin d’être plus accessible et bien plus lisible.

Rappelons que l’amiante, interdite en France depuis 1997, continue de faire des victimes chaque année. Les conséquences sur la santé peuvent apparaître jusqu’à 40 ans plus tard.

Amélie Rosique, Joanna Chabas et Elise Denjean