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"Il faut qu'ils donnent les chiffres": Gérald Darmanin s'empare du sujet des "mariages blancs"

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Alors que le Garde des Sceaux s'est emparé d'une proposition de loi visant à lutter contre les mariages illégaux, dits "blancs", entre une personne en situation irrégulière et une autre française, le sujet n'a pas manqué de faire réagir le plateau des "Grandes Gueules" ce mercredi 20 août.

En déplacement ce mardi 19 août à la maison d'arrêt de Nîmes (Gard), le ministre de la Justice Gérald Darmanin a confirmé son intention de soutenir la proposition de loi du centriste Stéphane Demilly, visant à interdire les mariages simulés ou arrangés, aussi appelés "mariages blancs" entre une personne française et un étranger en situation irrégulière.

Récemment, le sujet avait fait l'actualité avec la tentative ratée du maire d'extrême droite Robert Ménard d'avoir tenté de faire annuler le mariage entre une Française et un Algérien en situation irrégulière.

Le maire de Béziers encourt jusqu'à cinq ans de prison, 75.000€ d'amende et une révocation ministérielle de son mandat. Aujourd'hui, le sujet est repris à l'échelle nationale.

"La liberté matrimoniale" protégée par la loi

Ce mardi, le Garde des Sceaux justifiait son intention de soutenir cette proposition de loi. "Le maire ou l'officier d'état civil ne marie pas deux personnes parce qu'il porte l'écharpe bleu-blanc-rouge en tant qu'agent de l'État, mais il le fait sous l'autorité du Procureur de la République. [...] J'ai demandé à ce qu'on puisse faire confiance, par nature, aux maires lorsqu'un mariage est frauduleux il ne puisse se dérouler", a-t-il expliqué.

Darmanin à l'assaut des mariages blancs - 20/08
Darmanin à l'assaut des mariages blancs - 20/08
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D'abord rejeté en commission des lois par le Sénat en février dernier, l'article premier de cette proposition de loi destiné à l'interdiction de mariage aux étrangers en situation irrégulière en France, s'est heurté à la jurisprudence du Conseil constitutionnel, qui depuis 30 ans, considère que "la liberté matrimoniale constitue une liberté fondamentale à valeur constitutionnelle, reconnue à tous ceux qui résident en France, quelle que soit leur situation".

À l'échelle européenne, cette liberté de mariage est aussi protégée par l'article 12 de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales (CEDH), l’article 9 de la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne et l’article 16 de la Déclaration universelle des droits de l’homme et du citoyen.

"Un faux sujet" contre "un sujet médiatique"

Pour le chroniqueur des Grandes Gueules Abel Boyi, le sujet des mariages "blancs" est un "faux sujet". "Sur les 230.000 à 250.000 mariages par an en France, seuls 350 à 400 sont susceptibles d'être des mariages blancs. Moi, je vois que lorsque les politiques n'ont rien à dire et qu'ils veulent incarner l'autorité, il faut toujours aller sur des sujets secondaires", a-t-il lâché.

"Il faut [qu'ils] disent les chiffres, on parle de quelques centaines. C'est un problème, mais il ne faut pas le présenter comme un phénomène, un des canaux pour le 'grand remplacement'", maintient Abel Boyi.

Face à lui, Antoine Diers, prend exemple d'un mariage "blanc" constaté, signalé au Procureur de la République, mais pas annulé. "Le maire a fait, comme l'État et les textes le demandent, un signalement au Procureur d'une situation probablement illégale. Ce dernier lui a répondu 'merci pour votre signalement, circulez il n'y a rien à voir, mariez les'", raconte l'ancien conseiller politique, ajoutant à Abel Boyi que l'existence de ce sujet dans la sphère médiatique est nécessaire.

Au 32.16, Aurélien, un restaurateur dans l'Aude, marié à une femme d'origine Birmane, a voulu raconter son histoire personnelle. "Contrairement à ce qu'on m'a dit ce n'est pas si facile d'obtenir des papiers. C'est un parcours du combattant auprès des services municipaux et préfectoraux. C'est la galère. Nous on s'est mariés par amour et pas pour les papiers. [...] Que ce soit pour des cours de français, pour obtenir un visa, ou auprès de la préfecture tout est une galère".

Lilian Pouyaud