Immigration : Hollande contre la rétention des enfants

François Hollande - -
François Hollande, dans une lettre à des associations, s'est engagé, s'il était élu à l'Elysée, à ne plus placer, dès le mois de mai, les enfants d'immigrés clandestins en centre de rétention. «Je veux prendre l'engagement, si je suis élu à la présidence de la République, à mettre fin dès mai 2012 à la rétention des enfants et donc des familles avec enfants», écrit ainsi le candidat socialiste. Concrètement, François Hollande propose que les familles expulsables avec enfants soient assignées à résidence, au domicile ou en chambre d'hôtel, avec obligation d'aller pointer tous les jours au commissariat.
« Une fausse bonne idée »
Sébastien Huyghe est député UMP. Il juge l'idée de François Hollande irréaliste : « Le problème, c’est que souvent ces gens n’ont pas de domicile fixe. Ils sont souvent dans des squats pour éviter les contrôles de police. Donc le fait de dire qu’on va les assigner à résidence n’a aucun sens. Ils risquent de s’évanouir dans la nature et on ne pourra pas procéder à leur reconduite à la frontière. C’est le type même de la fausse bonne idée : on veut jouer sur l’émotion, dénonce le député. Les enfants ont vocation à rester avec leurs parents. Ce qu’il faut, c’est que les conditions de rétention administrative soient dignes et respectueuses de la personne humaine, ce que la France fait actuellement. »
« La France doit respecter les droits des enfants »
Delphine Batho, l'une des porte-parole de François Hollande, justifie cet engagement du candidat socialiste : « La place d’enfants de moins de 13 ans n’est pas en centre de rétention. Il faut trouver d’autres solutions. Quand une famille est en situation irrégulière, elle a vocation à quitter le territoire mais on n’est pas obligés pour cela de heurter la dignité des personnes et particulièrement des enfants. Il y a une charte internationale des droits de l’enfants que la France doit respecter. Quelle que soit leur nationalité, leur situation administrative, il y a un principe : celui du respect des droits de l’enfant. »
« Pour les enfants, c'est d'une violence inouïe »
Marie-Rose Moro est pédopsychiatre, spécialisée dans le suivi des enfants de migrants, et notamment ceux qui sont passés par des centres de rétention. Elle met en garde contre les effets sur les enfants d'un passage dans l'un de ces centres : « C’est un traumatisme lorsqu’on est enfant, qu’on n’oubliera jamais et qui aura des effets graves. Et ce n’est pas parce qu’on est enfant qu’on oublie : les enfants n’oublient rien. C’est d’une violence inouïe, c’est les effets de la prison et de la guerre, c’est-à-dire la privation brutale de liberté. Cela a des conséquences directes : on ne dort plus, on n’arrive pas à manger, on a des douleurs corporelles, cela développe l’anxiété et la dépression. Mais la conséquence la plus grave, c’est la perte de confiance dans l’adulte. Ce sont des enfants qui perdent leur enfance, et ça, c’est irréversible. »