Intervention de la police dans la Sorbonne à Paris pour évacuer des militants pro-palestiniens

(Illustration). Des CRS en tenue anti-émeute opèrent, alors qu'une manifestation contre la visite du président français à l'Université de la Sorbonne a lieu sur la place du Panthéon, avec vue sur le bâtiment du Centre du Panthéon, à Paris, le 25 avril 2024. - Antonin UTZ / AFP
La police est intervenue lundi après-midi à la Sorbonne à Paris pour évacuer des militants pro-palestiniens qui avaient installé des tentes à l'intérieur de l'université.
Une cinquantaine de manifestants ont été conduits à l'extérieur du bâtiment puis éloignés en groupe, encadrés par les forces de l'ordre, quelques jours après une mobilisation émaillée de tensions à Sciences Po Paris.
"Nous étions une cinquantaine de personnes quand les forces de l'ordre sont arrivées en courant à l'intérieur de la cour. L'évacuation a été assez brutale avec une dizaine de personnes traînées au sol. Il n'y a pas eu d'interpellations", a déclaré Rémi, 20 ans, étudiant en troisième année d'histoire et de géographie, qui faisait partie des manifestants délogés.
La préfecture de police a évoqué une "opération, qui a duré seulement quelques minutes" et "s'est faite dans le calme, sans incident". Le Premier ministre Gabriel Attal a "demandé que la Sorbonne soit évacuée rapidement", comme "il l'avait demandé pour Sciences Po vendredi", a fait savoir son entourage.
"Il suit la situation de près, il est en lien avec la préfecture de police", a-t-on ajouté.
L'université Paris 1-Panthéon Sorbonne a précisé que "la Sorbonne sera fermée cet après-midi sur décision du rectorat". "Les amphithéâtres ont été évacués vers midi", a indiqué le rectorat de Paris.
"Rejoignez-nous"
Selon le rectorat, une trentaine de militants s'étaient rassemblés à l'intérieur de la Sorbonne, où neuf tentes ont été installées dans la cour et trois dans le hall, et un drapeau palestinien posé au sol. Selon un manifestant, les tentes étaient entre 20 et 30.
"Israël assassin, Sorbonne complice" ou "Ne nous regardez pas, rejoignez-nous" ont chanté d'autres manifestants réunis devant la Sorbonne, en présence notamment des députés LFI Louis Boyard, Thomas Portes et Rodrigo Arenas. La foule a grossi progressivement pour atteindre environ 300 personnes en milieu d'après-midi, encadrées par la police.
"On est là suite à l'appel des étudiants de Harvard, Columbia", a indiqué Lorélia Fréjo, étudiante à Paris-1 et militante de l'organisation étudiante Le Poing Levé. "Après les actions à Sciences Po, on est là pour que ça continue".
Les interventions policières dans ce lieu hautement symbolique des révoltes étudiantes sont rares. Celle-ci intervient quelques jours après les tensions survenues à Sciences Po Paris autour de la mobilisation d'une partie de ses étudiants emmenés par le Comité Palestine de l'établissement. Ceux-ci se réclament des contestations qui agitent certains prestigieux campus américains, provoquant un vif débat politique outre-atlantique.
Appels à "intensifier" la mobilisation
Accusée par l'exécutif et les oppositions de droite de souffler sur les braises de la contestation, LFI a souhaité lundi que les mobilisations pour Gaza "prennent de l'ampleur" dans les universités et ailleurs, tandis que Rima Hassan, candidate sur la liste Insoumise aux européennes, a dit "assumer totalement" son appel au "soulèvement".
"Je souhaite que prennent de l'ampleur toutes les mobilisations qui vont permettre de faire pression sur le pouvoir en place", afin que le "drame humain qui se joue à Gaza s'arrête le plus rapidement possible", a déclaré le coordinateur de La France insoumise, Manuel Bompard.
Le syndicat lycéen USL a appelé les lycéens à la "mobilisation dans les établissements pour un cessez-le-feu dans la bande de Gaza, la reconnaissance de l'Etat palestinien et l'arrêt de la colonisation".
Ce week-end, des syndicats d'étudiants, comme l'Unef ou l'Union étudiante, avaient appelé à "intensifier dès lundi la mobilisation sur les lieux d'études". Les organisations de jeunesse favorables à la mobilisation pro-palestinienne se heurtent à l'intransigeance du gouvernement qui ne souhaite pas que le mouvement parti des États-Unis ne se propage à la France alors que l'année universitaire touche à sa fin.
"Il n'y aura jamais de droit au blocage, jamais de tolérance avec l'action d'une minorité agissante et dangereuse qui cherche à imposer ses règles à nos étudiants et nos enseignants", a déclaré ce week-end Gabriel Attal.